LIVRE XXV. 11 le Milanais, à la fin de juillet, avec cinq cents hommes d’infanterie; il voulait passer tout de suite dans l’Italie méridionale; mais il n’étail déjà plus temps. Les Vénitiens firent les plus vives instances pour le retenir dans la Lombardie, et envoyèrent eux-mêmes une flotte avec cinq mille hommes de troupes, pour secourir l’armée de Naples, ou plutôt pour s’assurer la conservation des ports que la république avait fait occuper sur cette côte. Pendant ce teinps-Ià, le comte de St-Pol et le duc d’Urbin mirent encore une fois le siège devant Pavie, qui était retombée entre les mains des Impériaux, la prirent d’assaut, et renouvelèrent les horreurs dont cette malheureuse ville avait été victime quelques mois auparavant. Une insurrection qui éclata à Gênes par suite de la défection d’André Doria, vint changer les projets du comte de Saint-Pol. Il voulut absolument marcher au secours de la citadelle qui tenait encore; niais il ne put déterminer les Vénitiens à le suivre. Ceux-ci voulaient qu’on marchât sur Milan. Ces deux petites armées se séparèrent, et n’obtinrent ni l’une ni l’autre aucun succès. La campagne de lo28 se termina ainsi, laissant les alliés malheureux, et par conséquent désunis. XIV. La campagne de 1S29 s’annoncait pour de^ voir être encore plus désastreuse. On publiait que l’empereur faisait armer une puissante flotte dans les ports d’Espagne, et qu’il arriverait lui-même en Ilalie. 11 en était le maitre et pouvait choisir entre Cènes et Naples pour son débarquement. La plupart des places que les alliés avaient conquises dans l’Italie méridionale tenaient encore, mais elles ne pouvaient manquer de succomber successivement. Les Vénitiens firent des efforts dignes d’une si grande cause. Us augmentèrent leurs troupes, qu’ils payaient toujours généreusement et exactement, fournirent des subsides au duc de Milan, au roi de France, et mirent une flotte de cinquante galères à la mer. Mais la diversité des intérêts continuait de nuire à 1 ensemble des opérations. Le recouvrement de Gênes était l’objet des efforts de l’armée royale, tandis que les Vénitiens voulaient qu’on fit ces mêmes efforts pour rétablir François Sforce sur le trône de Milan. Agissant séparément, les Français se firent battre; et les Vénitiens, trop faibles pour r'en hasarder, laissèrent échapper quelques occasions favorables. XV. Charlcs-Quint parut alors en Italie; il venait sur une flotte de deux cents voiles, pour se mettre <* la tète d’une armée de quarante mille hommes. Ee pape, mécontent de scs alliés, avait déjà fait sa paix avec lui dès le 20 juin, et, par cette paix, ce pontife, naguère prisonnier de l’empereur, lui avait donné l’investiture de Naples, était devenu l’arbitre des affaires du Milanais, et avait reçu l’assurance de rentrer en possession de Ravcnne et de Cervia, encore occupées par les Vénitiens. Un congrès était assemblé depuis quelque temps à Cambrai, où ou négociait la réconciliation de l’empereur avec le roi de France. L’ambassadeur de la république auprès du roi s’était mis en route pour s’y rendre, mais François Ier l’avait fait inviter à s’arrêter à Saint-Quentin. C’était exclure la république de la négociation, et lui faire entrevoir que l’issue ne pouvait lui en être favorable. En effet, on apprit que le roi avait signé un traité avec l’empereur, par lequel il obtenait la liberté de ses fils pour de l'argent, et en abandonnant toutes ses prétentions sur l’Italie (1Ï529). Au lieu de comprendre les Vénitiens dans sou traité, il avait seulement stipulé qu’ils seraient libres d’y accéder, mais à condition qu’ils restitueraient les places qu’ils occupaient dans le royaume de Naples, et s’ils s’y refusaient, le roi avait pris l’engagement de les y contraindre par la force des armes : ce n’était pas seulement abandonner ses alliés, c’était les trahir ; ce qui fit dire à André Grilti que cette ville de Cambrai était le purgatoire des Vénitiens, où l’empereur et le roi de France leur faisaient expier les fautes que la république avait faites en s’alliant avec eux. Le gouvernement vénitien, quand on lui donna connaissance de ce traité, répondit avec une fermeté mesurée, que le roi n’avait pu stipuler, sans le concours de la république, une clause qui fût obligatoire pour elle ; qu’elle ne pouvait consentir à se dessaisir des places qu’on réclamait, qu’autant que cette cession ferait partie d’un traité définitif, qui assurerait l’indépendance de l’Italie, et qu’enfin les fils du roi ne devant être rendus à leur père que dans deux mois, on pouvait profiter de cet intervalle pour terminer cet arrangement. Charles-Quint se trouvait en Italie avec des forces suffisantes pour imposer la loi aux Vénitiens, et on ne doute pas qu’il n’y fût venu avec cette intention ; mais la guerre durait depuis près de dix ans : les peuples d'Espagne, qui en supportaient tout le poids, murmuraient depuis longtemps : les opinions de Luther avaient jeté la division dans l’empire, et les Turcs avaient été appelés par le prince de Transylvanie, à qui l’inimitié de l’archiduc d’Autriche, Ferdinand, avait rendu celte protection nécessaire. Soliman II avyit pénétré en Hongrie, était maitre de lîude, et marchait à grandes journées, à la tète de cent cinquante mille hommes, sur Vienne, qu’en effet il assiégea bientôt après. I! y avait dans l’armée de Soliman un Vénitien né à Constantinople, qui s’était insinué dans la confiance