232 HISTOIRE DE VENISE. ligne, à Dassano, Padoueet Monselice, commencé- I rent à s’ébranler dès les premiers jours de janvier 1797. Dans leur objet de percer l’armée française, et de pénétrer jusqu’à Mantoue, ilsse divisèrent en plusieurs colonnes; le général Provera prit la route la plus courte, se dirigeant vers le bas Adige, à peu près à la hauteur de Porto-Legnago. Pendant qu’il opérait ce mouvement, trois corps descendaient des montagnes du Tyrol : le général Laudon marchait sur la province de Iîrescia ; le général Da-vidowilch, à la tète de douze mille hommes, sur Peschiera et la Chiusa, pour être maître du cours du Mincio; et le général Alvinzi en personne arrivait de Trente sur Roveredo. Le bruit du canon qu’on entendait deVéroncan-nonçait, en devenant plus sensible de moment en moment, que les troupes françaises avaient plié; en effet les Autrichiens venaient de les déposter de Rivoli. XXI. Le général de l’armée française était alors à Bologne, occupé de négocier avec le saint-siège. Il eut à se féliciter d’avoir résisté à la tentation d’entrer en vainqueur dans l’ancienne capitale du inonde; ce ne fut que quelque temps après qu’il se décida à l’envoyer occuper par un de ses lieutenants (1). L’avis lui parvint à Bologne que sa ligne allait être attaquée de toutes parts. Au moment où il arrivait à Vérone, Masséna était engagé avec l’ennemi, et le même jour, c’était le 12 janvier, à la même heure, Joubert était attaqué sur les hauteurs de Monte-Baldo. Le'13, à minuit, le général l’rovera ayant repoussé la division Augercau, qui était en avant de Porto-Legnago, jeta un pont sur l’Adige, à une lieue de cette place, et se mit en marche sur Mantoue. La ligne des Français était percée, leur gauche était culbutée, et ils avaient sur leurs derrières les corps de Laudon, de Davidowitch et de Provera. Les divisions chargées du siège de Mantoue allaient se trouver entre la colonne du général Provera et la garnison de la place. Pendant cette même nuit, le général en chef de l’armée française se portait de Vérone sur le plateau de Rivoli, c’est-à-dire au devant d’Alvinzi, qui espérait écraser Joubert. La bataille fut longue et très-sanglante; l’aile gauche française, qui avait été enfoncée, fut ralliée par Masséna, et l’ennemi abandonna lechampde bataille, neufpiècesdecanon et plus de dix mille prisonniers. Cette victoire assurait la désorganisation de la cinquième armée autrichienne; mais il fallait courir après la colonne du général Provera, qui s’avancait à marches forcées vers les lignes de Mantoue. (I) Abslinuit Roma. XXII. Aussitôt après avoir franchi l’Adige, ii avait vu la division Augereau à sa poursuite; elle était tombée sur son arrière-garde, et lui avait enlevé deux mille prisonniers. Lin faible corps de quinze cents hommes, commandé par le général Guieux, s’était présenté sur le passage des Autrichiens, et, en les harcelant, avait retardé leur marche. Tout cela n’empêcha point Provera de se présenter le 15 janvier, vers huit heures du matin, devant Mantoue, cl d’envoyer une sommation au général Miollis, qui était retranché dans le faubourg Saint-George , avec quelques centaines d’hommes. Celui-ci le contint tout le reste de la journée et j toute la nuit. Avant le jour, le général Wurmser sortit de la place, et mit entre deux feux le corps assiégeant, que commandait le général Serrurier; mais une partie de ces mêmes troupes qui avaient combattu à Rivoli, était déjà arrivée dans les lignes. La garnison fut repoussée dans la pjpàvsans avoir pu donner la main au corps qui venait la délivrer; et ce corps, acculé contre le faubourg Saint-George, se vit bientôt en désordre et dans l’impossibilité dé“ résister. Le respectable général Provera (comme l’appelait son vainqueur) demanda à capituler, et se rendit prisonnier de guerre avec à peu près six mille hommes qui lui restaient; livrant ses bagages, son artillerie, et ses drapeaux, parmi lesquels il y en avait de brodés par des mains royales. A la nouvelle de ces événements, les généraux Laudon et Davidowitch opérèrent leur retraite. Cette action reçut le nom de bataille de la Favorite; elle décidait du sort de Mantoue, qui capitula en effet le 2 février. Ces succès permirent à l’armée française de rentrer dans le Tyrol, et de s’avancer sur le territoire vénitien; non-seulement elle passa la Brcnla, mais elle se porta jusqu’à la Piave. Pendant qu’il faisait occuper Vicence, Padouc, Trévise, le général en chef parlait des avantages à procurer à la république vénitienne, dans le traité de paix qui paraissait prochain. Il voulait, disait-il, lui faire acquérir Mantoue, et la rendre assez puissante pour qu’elle pùt opposer une barrière à l’Autriche; il traçait la ligne des places que les Vénitiens auraient à réparer ou à construire, pour se mettre en état de remplir leur nouvelle destination. C’était à d’autres sources que les inquisiteurs d’Etat tâchaient de puiser des notions sur les arrangements que pourrait amener la paix entre les deux plus grandes puissances de l’Europe. XXIII. Dèslemois de septembre 179G, ilsavaient été informés que la cour impériale avait un négociateur secret à Paris. Celui que le directoire avait