HISTOIRE DE VENISE. du celui-ci ut Marin Marti, Ragusais, qui en ¿(ait lu j patron. Valcnlini, mis à la torture, avoua que les galères du duc, qui, peu de temps avant, avaient capturé deux vaisseaux marchands vénitiens, venaient en Istrie, dans le dusscin de surprendre I’i-rano, Capo-d’lslria et Muggia, qu’elles portaient ¡5.800 homnies, que l’on comptait débarquer dans ces trois ports, pour s’y fortifier cl les occuper au nom de l’archiduc d’Autriche. I,e reslc de l’armée, consistant en ôlî galères cl 10 galions, devait se rassembler à Brindisi, de là remonter le golfe jusqu’à I’irano, laisser à Capo-d’lslria les gros vaisseaux et la moitié des galères, placer l'autre moitié à Mug-gia, donner avis de leur arrivée à l'archiduc, et par ce coup de main forcer la république à lui demander la paix. Ensuite la flotte napolitaine devait laisser une partie des troupes à terre, garder l'autre à bord, se réunir, chercher notre armée et la combattre. Suivant le déposant, cette flolle, combinée avec celles d’Espagne cl de Gènes, ne devait pas former moins de 00 à 70 galères et de 32 galions. Lorsqu'elle eul pris les deux vaisseaux de commerce vénitiens et une felouque qui leur donna des avis, l'amiral jugea à propos de rétrograder, au lieu d’aller prendre terre à l’irano. Les ordres du ducd’Os-sone étaient que, si l’armée vénitienne évitait le combat, la flotte espagnole ne cherchât pas à l'engager, mais qu’elle poussât droit à l'irano, lieu de sa destination. Quand te duc vit sa flotte de retour à Naplcs, sans être allée à l’irano, il en fut fort ir-rilé, et l'amiral 1). l'ierre de Leva s'excusa en disant qu’ayant rencontré ccs bâtiments, il avait voulu profiler de l'occasion. Ces divers avis avaient excité la vigilance du gouvernement, on voyait que de toutes parts du mauvais desseins étaient tramés contre la république. Valcnlini, pendant que nos galères lui donnaient la chasse, avait mis toutes les lettres dont il était chargé, dans une cassette, et les avait jelées à la mcravcc un poids. Ce capitaine, son fils et le patron sont encore dans les prisons. On les exécutera au premier jour. Les frères Bolco, ci-dessus nommés, étaient sur le point de partir pour Naplcs, lorsqu’on les arrêta, llsy a liaient concerter le plan de l'entreprise. Charles l'a avoué dans son interrogatoire, ajoutant qu'il en avait entretenu l'ambassadeur, cl que celui-ci lui avait répondu qu'il ferait de son côté ce qui le concernait, selon la manière dont on en agirait à Naplcs; qu'il s'assurerait ici du monde nécessaire, et de tout ce qu'il faudrait pour suppléer aux moyens qui viendraient à manquer. L'ambassadeur lui demanda aussi s'il n’aurait pas sous la main quelque homme du pays, ou autre confident, qu’on pût employer utilement. Quant à l’entreprise de Crème, fadeur principal cl uuique était le lieutenant Jean Bérard, qui était secrétaire du capilainc Balthazar, lequel y avait porté ce coupable dessuin; c’était un ami du capitaine Jacques Pierre. Aussi, en apprenant sa mort, en témoigna-t-il beaucoup de chagrin et d'inquiétude, et on croit qu'il était dans la compagnie des conjurés, lorsque Moutcassin conduisit Juven chez Jacques Pierre. Il a confessé que, pendant qu’il était à Crème, il entretenait des intelligences avec le gouverneur de Milan. Il a rapporté les conférences qu’il avaitcuesà Venise, avant son départ, avec l'ambassadeur. Cet ambassadeur avait pris note de son nom et avait dit qu’il le recommanderait à I). Pùdru; que dans toutes les circonstances il pouvait se réclamer de lui. Jean Bérard avait promis de fairu tout ce qui dépendrait de lui pour que la forteressu de Crème tombât au pouvoir du roi, ut l’ambassadeur l’en avait remercié. Arrivé à Crème, Jean Bérard avait donné avis de ses dispositions au gouverneur de Milan, telles qu’il les avait concertées avec l’ambassadeur ; le gouverneur lui fil dire, de vive voix, par Jean Fournier, l'un de ceux qui ont été exécutés, qu'il persistât dans scs résolutions, et lui envoya de l'argent à plusieurs reprises. Bérard continua scs pratiques jusqu’au moment où il fut arrêté. C’était Fournier qui était l'agent de sa correspondance avec le gouverneur, tous les deux ont avoué le fait et ont été condamnés par le conseil dus Dix, leur exécution a eu lieu de la manière que le conseil a jugé la plus convenable. C’est à la justice publique faite dans celte ville, de Renault et des frères Bolco, que l'on doit la découverte du complot tramé à Crèinc; car, à la nouvelle de ccs exécutions, Jean Bérard ne put contenir les remords de sa conscience. Plusieurs autres Français, impliqués dans celle affaire, ont pris la fuite. La plupart se sont réfugiés à Naplcs, où ils ont élé accueillis et récompensés par le duc. I.e conseil des Dix a fait mourir tous les coupables. Le capilainc Ilalthazar Juvcu a élé relâché, ainsi que sa femme Arsilia cl quatre autres Français arrêtés à l'occasion du complot de Crème. Il reste, dans les prisons, six ou sept prévenus qu'on ne lardera pas à expédier. 11 y aurait bien encore quelques autres coupables à nommer, mais, comme ils ne sonl point arrêtés, il est à propos de peser mûrement s'il convient de faire une proclamation contre eux. ('.elle nation française a élé pour nous, dans celte occasion, la lance d’Achille, elle a fait et guéri la blessure : autant la perfidie des uns s'est manifestée par leurs mauvais desseins, autant la verlu des au-