PIÈCES JUSTIFICATIVES. 429 .le ceste condamnation et exécution arriva, j’estois absent, comme ilz savoient très-bien , et n'arrivai que huit jours après que tout Tut faict, mais qu'il i'rstoit rencontré en mesme temps, à Venise, lion nombre de gentilshommes François de nom et de qualité, qui y prenoient leur passage pour s’en re-lnurner en France, lesquels avuienl exactement observé ceste action et s'estoient estudies, avant que de partir, d'en sçavuir et entendre toutes les parli-cularitez, pour en pouvoir parler avec rondement rstant retournez à la cour, et qu'ilz aroient reco-gneu icy et peu raconter de delà : Que Jacques Pierre estoit venu du service du duc d'Ossonc se rendre à celui de ceste république, avec I.anglade et les Desbouleaux et quelques deux ou trois autres soldalz, et que Renault en avoit esté le conducteur; que lesdiets Jacques Pierre et I.anglade avoienl obtenu de ceste république quarante escus chacun par mois de pension, et ledit Desbouleaux l’aisiie quinze, et Renault quelque gratification ; que ledit Jacques Pierre, pour première preuve de sa lidélité envers ceste république, lui avoit révélé et descouvert un certain project d'entreprise faict par le duc d'Os-sone contre ceste ville, en avoit donné le discours par cscril à sa sérénité, mesme quatre jours après estre arrivé et son advis sur les remèdes que l'on y pouvoit apporter, et, partant, qu’il y avoit peu d’apparence qu'il fus! si inconsidéré que de vouloir tenter et exécuter une entreprise qu'il avoit le premier dcscouvertc,ct contre laquelle, par son conseil, ilz s’estoient munis et préparez, et mesme en temps que le duc d'Ossonc n'avoit autres furces, dedans ce goulphe, que quize galions qui estoient à Brindisi eu fort mauvais équipage, et que l'armée vénitienne y tenoit la campagne. * Que les deux Desbouleaux, quand ils furent pris, se retiroient à Naples, malcontents de Jacques Pierre et de Renault, sur une lettre de recommandation de l'ambassadeur d'Espagne, et furent accusez par un nommé Montcassin, qui alla, avec le jeune, prendre ladite lettre chez ledit ambassadeur, et qu'eslanl en si mauvaise intelligence avec les antres, il n'esloit vraisemblable qu'ils se pussent nnir ensemble pour commettre une si damnable conspiration. Que ces deux-là se retirant audit Naples, Renault s'en aslant en France, auquel j'avois faict bailler un passe-port avant de partir pour Lorette, et qui avoit pris congé de tous ces gentilshommes françois qui estoient icy présents, escript à Rome cl en France son parlement, et esloit vestu de son habit de campagne et chargé de lettres, mémoires escripls au Roy et à M. de Nevers par Jacques Pierre, qui avoit faict payer dent cents ducats aodil Renault pour son voyage, ledit Jacques Pierre estant seul, tous ses valets dedans la galère du général, cl Ijnglade à Z.ara avec un simple soldat et un jeune garçon qui le servoient, il ify avoit nulle raison do croire qu’eslants ainsy escartcs ils peussent faire jouer, comme l’on disoit, dedans quatre jours cale si importante cl si difficile entreprise. t Que peut estre ce desseing formé par la puissante main que l'un a voulu dire, c'esloit chose es-merveillable que la conduite et l'exécution en fust commise à des instruments si foiblcs cl à un si petit nombre d'hommes. Que ceste trame s'attribuant toute entière aux Espagnols, qui avoient tant do partisans en Italie, tant du pays mesme que de leur nation, il estoit bien cslrange qu'il ne se soit trouvé pas un seul homme au monde qui ayt trempé dans ceste horrible conjuration avec ces cinq misérables François et deux ou Irois de leurs valetz. « Qu'aucunes forces ni dehors ni dedans ceste ville n'avoient paru qui ayent p«.u donner jalousie, ni aucunes armes offensives ou deflensives n'avoient esté descouvertes nonobstant les bruicls qui en coururent dès les premiers moments. Que la manière dont on avoit faict mourir Jacques Pierre et Lan-glade, dont le premier, sans le vouloir entendre parler, fust eslranglé et jeté, avec son valet, eu mer dedans un sac, et l'autre, qui ne pensuit k rien moins , cl sans savoir pourquoi, avoit eslé tué do cinq arquebuzadrs, cl scs deux valetz avec lui traitez de mesme façon, donuoicnl assez de subjccl de doubler de ceste conspiration, puisqu'il importoit en ceste matière si dangereuse, cl qui estoit de telles suites et conséquences pour l'inléresl de cesle république , et celuy mesme autres grinces, d’en pénétrer la source et l'origine, en savoir toutes les circonstances et dépendances, et cognoislrc, par le mesme, les complices, ce qu'on ne pouvoil apprendre que par la déposition de ceux qui estoient accusez d'en estre les princi|taux aulhrurs. • Que ceste république est renommée pour estre si vigilante et circonspecte en sa conservation qu'il n'est pas à présumer que, si le péril cusl eslé si grand, elle eust voulu estre si négligente que de «'en pas descouvrir tout le secret de ceux qui en pouvoicnl parler avec plut de fondement. • Que la justice consiste en la matière et en la forme, qu'en la criminelle les formalités exactes sont encore plus requises pour ce qu'il n'y a plus de remède en la mort, et que tout jugement qui peschc en l'une ou en l’autre est suhject à estre btasmé. « Et estoit sur toutes choses digne d'admiration, qu’en une si grande cl si détestable conjuration, qui ne peut sortir à cffcct sans un grand nombre de ressorts et où il faut de nécessité que beaucoup de personnes participent, il ne se soit trouvé un seul tesmoin, nj une seule lettre qui ait peu convaincre les coulpabk-s, et qu’il n’y ait aucune preuve que