201 HISTOIRE DE VENISE. sans amis, parce qu’il ne révélait que sa faiblesse. Le gouvernement de Venise se liàta de déclarer à la cour devienne, qu’il ne se départirait jamais de son invariable neutralité. C’était promettre de ne prêter aucun secours à la France; mais, dès ce moment même, on cessa de tenir la balance égale en ne rassurant pas la France par une semblable déclaration. Cette déclaration, il aurait été plus qu’inutile de la faire, puisqu’il n’était pas possible de la tenir. Les Vénitiens se virent obligés d’ouvrir le passage sur leur territoire, non-seulement aux troupes autrichiennes qui se rendaient dans le Milanais; mais encore à une petite armée de huit mille hommes, que l’empereur envoyait au secours du roi de Sar-daigne; aux convois que celui-ci faisait venir d’Allemagne, et à des troupcsquel’Angleterreavait prises à sa solde : ce qui assurément ne se trouvait pas stipulé dans les engagements antérieurement existants entre la république et l’Autriche. Celle-ci, encouragée par ces premières complaisances, renouvela ses instances pour entraîner la république dans la coalition. Le gouvernement vénitien s'en défendit, mais il acheta le droit de persister dans sa neutralité par une concession nouvelle; et, le G octobre 1792, il autorisa par un décret tous ses sujets à fournir à l’empereur et au roi de Sardaigne des armes, des vivres, des chevaux, toutes choses qu’on ne fournit pas quand elles doivent servir à faire la guerre à une puissance avec laquelle on veut rester dans les termes d’une parfaite neutralité. Mais ce décret s’explique, lorsqu’on se rappelle qu’à l’époque où il fut rendu, les armées de la coalition avaient pénétré en France et étaient en marche sur l’a ris. Un peu avant celte époque, la cour de Naples avait reproduit un projet de ligue italienne. Ce cabinet, que dirigeait alors le ministre Acton, n’ignorait pas les dispositions du gouvernement vénitien : aussi, pour lui faire adopter ce projet, avait-on soin de ne présenter la ligue que comme défensive, et d’écarter toute idée d’agression contre la France. On appuyait la proposition sur ce raisonnement :