LIVRE XXV. 7 nontraient quelque vigueur; mais l’exccution de es projets ne répondit pas à l’audace avec laquelle Is avaient été conçus. La flotte combinée, après 'avoir soumis quelques villes de la côte de Ligurie, ¿¡qui se rendirent sans résistance, fit près de Gênes |uu inutile débarquement. L’armée de terre attaqua piilan, avec peu de résolution, le 7 juillet 132G, et ¿s’enfuit dès la nuit suivante, avant même que les ■ennemis fussent sortis de la place. Le château, qui depuis longtemps était aux abois, capitula, et ce François Slorce, à qui les alliés voulaient donner le duché, n’eut plus d’asile que dans leur camp. Quelque temps après ils s’emparèrent de Crémone, place ïort importante, qui leur coûta, je ne dirai pas beau-oup d’efforts, mais plusieurs tentatives. Cette guerre se conduisait mollement. Les Impé-aux avaient été pris au dépourvu, leurs troupes Haient mal payées. Dans l’armée de la ligue il y vait bien quelques Suisses, mais les troupes du lape et des Vénitiens n’élaient pas renommées pour 'our vigueur, il avait passé en proverbe que leurs ’pées n’avaient point de tranchant. - La mésintelligence régnait entre les deux généraux : c’était, pour la république, le duc d’Urbin; et pour les troupes de l'Eglise, François Guichardin : le premier passait pour trop circonspect; le second, qui s’est rendu célèbre comme historien, n'a pas obtenu une aussi brillante réputation comme militaire. 'é Pendant ce temps-là le pape se vit attaqué dans sa capitale par les partisans de l’empereur, obligé de se réfugier dans le château Saint-Ange, et de signer une trêve qu’il rompit dès qu’il fut revenu de sa frayeur. L’armée impériale avait reçu des renforts; mais plus elle devenait nombreuse, plus elle se montrait insubordonnée, parce qu’il était impossible de la payer. Charles-Quiut, le prince le plus puissant de l’Europe, en était un des plus nécessiteux. La constitution de ses royaumes d’Espagne ne lui permettait pas de lever des impôts proporlion-îés à ses besoins. Ses diverses affaires en Flandre, ‘ti Allemagne, en Italie, absorbaient ses moyens, et îe lui laissaient pas de quoi entretenir l’armée qu’il vait dans le Milanais. Son général, qui était le onnélable de Bourbon, la conduisit du côté de ’arme, sur la rive droite du Pô. Cette marche annonçait d’autres intentions que elle d’attaquer le territoire de la république; les Vénitiens, au lieu de se porter vivement au secours de leur allié, dont ils étaient mécontents, rappelèrent leur armée sur leur frontière. Cependant une flotte espagnole de Irente-six voiles arrivait dans la mer d’Italie, avec la double mission de ravitailler Gênes, que la flotte combinée bloquait étroitement, et de jeter un corps de six mille hom- mes dans le royaume de Naples. II y eut, à la vue de Sestri di Levante, un combat assez vif, mais très-court, qui fut interrompu par une tempête. Amis et ennemis furent écartés de Gênes; quelques bâtiments chargés de munitions s’y réfugièrent,le reste de la flotte espagnole s’éloigna, et alla se jeter dans le port de Gaëte. La flotte combinée arriva immédiatement après sur ces côtes, enleva plusieurs villes peu importantes, et se présenta devant Naples, qu’on somma de se rendre. Hugues de Moncada, qui y commandait, sortit avec trois mille hommes, pour s’opposer au débarquement. Écrasé par l’artillerie des vaisseaux, il ne put l’empêcher, et eut beaucoup de peine lui-même à ramener ses canons. Les ennemis le poursuivirent si vivement qu’un de leurs détachements resta maître, pendant quelques instants , d’une des portes de la ville. Le peuple parlait déjà de se rendre; mais Moncada, jugeant bien que les alliés 110 pouvaient avoir une armée suffisante, pour s’emparer d’une capitale aussi populeuse que Naples, sut contenir à la fois les habitants et les ennemis. Ceux-ci reconnurent l’inutilité de leur entreprise, et se rembarquèrent. XI. Cette retraite, laissant aux Impériaux une pleine liberté d’agir de ce côté, mit l’État de l’Église dans un grand danger. Le pape se voyait pressé entre l’armée espagnole, nouvellement débarquée sur la côte de Naples, et celle du connétable de Bourbon, dont les soldats, sans solde et sans discipline, demandaient à grands cris qu’on les menât piller la Toscane ou l’Élat de l’Église. Clément VII, qui ne prenait jamais conseil que de ses frayeurs, se hâta de changer encore une fois de parti, malgré les remontrances des Vénitiens, et achela, par l’envoi d’une somme d’argent, une trêve de huit mois avec l’empereur. Cela n’empccha point l’armée du connétable de Bourbon de s’avancer vers la Romagne. Elle n’avait ni magasins, ni équipages, presque point d’artillerie; mais, s’il était facile de lui interdire l’entrée des villes un peu fortifiées, comme 011 fut assez heureux pour pouvoir le faire à Parme et à Rologne, 011 sentait assez tout ce qu’on avait à craindre d’une troupe affamée, en désordre, qui assassinait ses officiers, et à la tète de laquelle on voyait marchera pied un général sans autorité, un prince, réduit, pour se populariser, à mêler sa voix aux chansons licencieuses ou satiriques des soldats. Les Vénitiens, craignant qu’elle n’obligeât aussi Florence à se détacher de la ligue, ce qui aurait infailliblement attiré l’ennemi sur leur territoire, ordonnèrent à leur général de suivre l’armée impériale, et de se jeter dans la Toscane avant elle, si I cela était possible. Le duc d’Urbin exécuta ce mou-