HISTOIRE DE VENISE. cstoit l'an passe à Uoine, et qui en partit vers les festes de l’asques dernières pour vous aller trouver, ne vous ail fait bien au long entendre la très-humble servitude et dévotion que je porte à votre service, pour laquelle cause j’étois résolu et préparé de vous aller trouver au temps que debviez estre à la cour de l’empereur, avec le gentil-homme vostre qui estoiten ce temps-là à Home; lequel voyage fut rompu par la nouvelle que nous eusnies alors de la détention de M. le prince de Condé, qui fut cause que je m’en retournay à Naples trouver le duc d’Os-sone, que j’ay ci-devant servi contre le Turc, lequel me voulant employer contre cestc sérénissime république, et considérant de combien tels desseings importent, non-seulement au service de mon roy et de toute l’Italie, mais de toute la chrétienté, ne désirant estre employé à ce desseing, je pris occasion de m’en retourner à Home, atiu d’avoir moyen de venir pluslost icy au service do cette république que d'obtempérer aux desseings dudit duc d'Ossone, et laquelle république je desirois servir de toute ma force et puissance contre ses ennemis, sachant bien que le roy lost ou lard m’en saura bon gré, parce qu'il rccognoistra que je luy rend ray par ce moyeu un très-signalé service pour le grand intérest qu’il ha à la manutention et conservation de ces seigneurs. k Je vous diray, monseigneur, que j’ay toujours entendu du susdit père capucin que leroy d’Espagne savoit fort bien vostre desseing pour ce qui est du Levant, mais que vous ne sçaviés pas le sien, et pour ce que j'en ay quelque cognoissance par le moyen deceuxqui traictent tel négoce, et pour y avoir esté employé, comme ils désiroient encore que je fusse à l'aJvenir, j'ai descouvert une bonne partie de leurs desseings, qui sont de se vouloir rendre maistres de toute la Macédoine, du toute la Moréc et de Salo-nica.» Le reste de la lettre est le détail des folies qu'avait conçues le duc d'Ossone, ou qu’on lui prêtait, et qui n’allaient pas à moins qu’à se rendre maître de Conslantinople. (’.elle lettre, comme on le verra ci-après, par celle que l'ambassadeur écrivait le 8 juin au ministre, avait été remise à l'un des Français impliqués dans la conjuration, à Renault, qui devait la porter au duc. Elle fut saisie sur Renault. Le gouvernement vénitien ne la communiqua sûrement pas à M. de Léon ; d’où il faut conclure que ce ministre en avait connaissance auparavant. En effet, la copie qu’on en trouve dans la correspondance de cet ambassadeur est un brouillon chargé de ratures; nouvelle preuve que il. de Léon était dans la confidence de tout ce qu’écrivait le capitaine Jacques Pierre; et si le capitaine a\ait réellement le dessein de servir la république par scs avis, l’ambassadeur, loin de l’en détourner, l’y encourageait. Poursuivons. On trouve, quelques pagesaprès, un mémoire par lequel on voit qu’un nomme Alexandre avait fait part au duc de Savoie du projet sur la Macédoine. On démontre au duc la nécessité de faire approuver et seconder ce projet par l’Espagne, la France et le pape..C’était un projet dirigé contre les Turcs. On savait bien que la république de Venise n’y donnerait pas les mains, à cause des possessions qu’ello avait déjà dans la Morée; mais on espérait qu’elle n’oserait s’opposer de vice force à ce que le duc de Ncvers, reconnu empereur des Grecs par ces trois puissances, s'emparât de ce nouvel Etat. Immédiatement après cet écrit, vient un nouveau mémoire de Jacques Pierre, toujours en minute. Ce mémoire, qui est en italien, est adressé au doge, et il tend à décider la république à entrer dans les vues de la France, pour l’établissement du duc du Nevcrs. La pièce suivante est le précis d’une conversation entre Jacques Pierre et Alexandre, sur les avantages qu’offrait nie Saint-George près Venise, pour y établir une citadelle, et sur la nécessité de bien étudier les passes, le courant, le flux et le reflux, etc. Plus loin 011 lit un nouveau rapport de Jacques Pierre, sur le projet de conquête de la Macédoine. Ainsi cette correspondance renferme un assez grand nombre de pièces qui prouvent que le capitaine Pierre, au su et de l’aveu de l’ambassadeur de France, avertissait le gouvernement vénitien des projets du duc d’Ossone. Il faut maintenant arriver aux lettres de M. de Léon lui-mème:ccs lettres sont les originaux signés de M. de Léon, et adressés au ministre. D'abord je remarque que le 9 mai 1C1S, il demandait son rappel au ministre : « Prévoyant, dit-« il, que les affaires de ce goulpbe s'en iront assou-« pissant. » Aurait-il fait cette demande, s’il eût eu connaissance d’une conspiration près d’éclater? (n° 1017—740.) Quelques jours après, il fait un pèlerinage à Lurette, et c’est pendant cette absence (qui parait une preuve évidente de son ignorance du l'événement qui se préparait) que la conspiration est découverte. Le sieur Broussin en rend compte à M. de Puy-sieulx le -- mai, et à son retour, M. de Léon ajoute de nouveaux détails, par sa dépéebe du Gjuin. Voici ces deux lettres.