178 HISTOIRE DE VENISE. les frontières de la Hollande, et la prise de Bcrg-op-Zoom, mirent la France en état de proposer des conditions de paix à la fin do la campagne de 1747. ï.e traité fut conclu le 50 avril 1748, à Aix-la-Chapelle. XII. On convint de se rendre mutuellement toutes les conquêtes faites en Allemagne et dans les Pays-Bas, à l’exception de la Silésie, qui avait été cédée à la Prusse par un traité antérieur. llarie-Thérèse, désormais l’impératricereine, puisque son mari, François de Lorraine, fut reconnu empereur d’Allemagne, ajouta au sacrifice de cette province celui des duchés de Parme et de Plaisance, qui furent cédés à l’infant don Philippe. Les Génois furent rétablis dans tous leurs droits. Quant au roi de Sar-daigne, on ne lui laissa pas tout ce que la reine de Hongrie lui avait abandonné par leur traité d’alliance ; il ne conserva que la province de Vigcvano, le comté d’Anghiera, mais il étendit ses possessions au delà du Tésin, en occupant une partie de la province de Pavie, jusqu’au Pô. Cette paix (ixa pour un demi-siècle l’état de l’Italie. On voit, pour la troisième fois, la politique de la maison de Savoie justifiée par le succès, et cette couronne s’accroître, tandis que la neutralité de Venise avait encore fait perdre à cette république de sa considération. La cour de Vienne, qui sentait l’importance d’avoir une communication directe de scs possessions allemandes avec scs provinces d’Italie, désirait vivement acquérir une partie du territoire vénitien, qui séparait le Milanais du Tyrol et de I’évèché de Trente; elle offrait, en échange, quelques possessions en Istrie, qui n’étaient pas moins à la convenance de la république. Cet échange aurait eu, pour les Vénitiens, l’inappréciable avantage de les affranchir de l’incommodité d’un passage toujours désastreux, souvent humiliant, et qui, à chaque guerre, compromettait leur neutralité. Mais telle était alors la timidité dusénat de Venise,qu’il n’osa pas même entamer celte négociation,aimant mieux s’exposer à des inconvénients si souvent éprouvés, que de donner ouverture à de nouvelles discussions. 11 termina assez heureusement celles qu’il avait depuis longtemps avec le pape, pour les limites du pays de Ferrare. XIII. Mais il y avait depuis plusieurs siècles un sujet de contestation entre la maison d’Autriche et la république, au sujet du patriarcat d’Aquilée. La juridiction de ce siège s’étendait sur les deux parties du Frioul possédées par les deux États. Il avait été réglé anciennement que le patriarche serait nommé alternativement par chacun (les deux gouvernements; les Vénitiens avaient éludé l’exécution de cette convention. Le siège, lorsqu’elle avait été faite, se trouvait occupé par un Vénitien; ce patriarche s’était nommé un eoadjuteur, qu'il avait eu soin de prendre dans le clergé de sa nation, sous l'approbation du sénat; ses successeurs avaient fait de même; (le sorte que le patriarcal ne s’était jamais trouvé vacant,et que l’Autriche n’avait pu jouir de son droit. L’impéralrice-reine voulut faire cesser cet abus; ses réclamations inquiétèrent beaucoup le sénat de Venise; on proposa de prendre le pape pour arbitre dans cette affaire. Benoit XIV décida, que le territoire du patriarcat dépendant de deux souverains, le meilleur moyen de laisser à chacun la jouissance de ses droits, était de diviser la juridiction, (leçon-server le patriarche à Udine,capitale du Frioul vénitien , et de placer à Aquilée, qui était dans le Frioul autrichien, un vicaire apostolique. Les Vénitiens, après avoir proposé un arbitrage et reçu une décision aussi raisonnable,se récrièrent comme si l’arbitre n’eùt dù consulter que leurs intérêts. Cette décision ne leur ôtait rien, ils conservaient le siège et la faculté d’y nommer; mais le patriarche vénitien ne devait plus étendre sa juridiction spirituelle sur le Frioul autrichien. La perle de cette juridiction ne portait aucune atteinte à l’autorité de la république ; et cependant, telle fut sa prévention ou son injustice, qu’elle déclara que le pape, dont les deux puissances contondantes avaient réclamé l’arbitrage, n’avait pas eu le droit de prononcer ainsi ; qu’il ne pouvait pas changer la démarcation territoriale d’un siège épiscopal, sans le concours de la puissance civile; et, pour appuyer ces plaintes, qu’ils répandirent indiscrètement dans toutes les cours, comme si ou eut pu s’y intéresser, ils rappelèrent leur ambassadeur de Borne, renvoyèrent de Venise le nonce pontifical, et armèrent deux vaisseaux de guerre, qui semblaient destinés à aller attaquer le port d’Ancône. Benoit XIV fit tomber toutes ces menaces dans le néant, en déclarant qu’il avait accepté l’arbitrage de cette affaire à la prière (les deux gouvernements, que c'était à eux de savoir s’ils voulaient s’en tenir à sa sentence, et que c’était à la cour de Vienne que les Vénitiens devaient s’adresser pour y obtenir des modifications. Dès ce moment il ne fut plus possible de soutenir cette contestation avec la même hauteur. La France employa scs bons offices pour concilier les deux parties. La cour de Vienne profilant de la difficulté que les Vénitiens avaient faile de se soumettre à la sentence arbitrale, demanda que le patriarcat fût supprimé et qu’il y eût un archevêque dans la partie autrichienne du Frioul, comme dans la partie vénitienne; il fallut y consentir, et le patriarcat