LIVRE XXV. S Bl/armée française le leur fit lever ; mais bientôt, affaibli par le départ des Suisses, elle se vit obligée da se replier, et cédant tout le pays sans combattre, se retira jusque dans Milan, avec les Vénitiens, ifees alliés vinrent attaquer eettecapitale : la porte devant laquelle ils se présentèrent, était gardée par «les troupes de la république, qui prirent la fuite dès le premier choc. Théodore Trivulce, leur général, fut fait prisonnier. Lautrec avec les Français, et Gritti avec le reste des siens, se sauvèrent à Côme, et mirent ensuite l’Adda entre eux et les ennemis. Telle fut l'issue de la campagne de 1321, dans laquelle les Français se trouvèrent avoir perdu le duché de Milan, comme ils l’avaient conquis plusieurs fois, en trois semaines, et presque sans avoir combattu. Le pape Léon X mourut dans ces circonstances, et l'influence de l’empereur était déjà telle, qu’il fit élever au pontificat un cardinal, Hollandais de naissance, sa créature, autrefois son précepteur, qui n’était jamais venu à Rome. On peut juger de l’extrême étonnement de tout ce qui avait composé la voluptueuse cour de Léon X, lorsqu’on vit dans la chaire pontificale un prêtre auslère, qui ne savait point la seule langue moderne digne alors d’être étudiée, et qui, lorsqu’on le conduisit devant l’Apollon du Belvédère, détourna les yeux avec effroi, parce qu’il n’y voyait qu’une idole. « Les cardinaux, « dit un historien (1), ne pouvaient se rendre raison « du choix qu’ils venaient de faire d’un barbare, et « ne trouvèrent aucun autre moyen de justifier « cette extravagance, que de l’attribuer au Saint-« Esprit. » Cette élection d’Adrien VI annonçait assez que le saint-siége persisterait dans l’alliance avec l’Autriche (1S>22). V. Cependant le maréchal de Lautrec, qui avait reçu un renfort de Suisses, et déterminé le sénat de Venise à augmenter l’armée de la république, s’avança dans le Milanais. Le nouveau duc François Sforce, second du nom, venait d’y être proclamé. Les Français et les Vénitiens avaient entrepris le siège de Pavie; mais cette ville se défendait vaillamment. L’armée des alliés vint se poster à la Chartreuse, qui est près de celte ville. Les assiégeants n’osèrent hasarder un assaut en sa présence, et quand ils s’avancèrent pour lui offrir le combat, elle changea de position, et alla camper au château delà Bicoque, entreMonza et Milan (17 avril lü22). ï?es Suisses qui servaient dans l’armée française ne cessaient de se mutiner. Ils voulaient qu’on allât au devant de la caisse militaire. Ils accusaient les généraux de faire traîner la .guerre en longueur. Pour les retenir, on se vit obligé de les mener à ■ (I; Giiichahdix, liv. 14. l’ennemi. Le maréchal de Lautrec fut forcé de se résoudre à attaquer les alliés, campés dans le parc de la Bicoque, c’est-à-dire derrière une muraille et un fossé. Les Suisses formaient l’avant-garde ; la gendarmerie française marchait en seconde ligne, et en arrière étaient les Vénitiens. Un corps détaché devait tourner les ennemis, et assaillir l’extrémité opposée de leur camp, pendant qu’ils auraient à soutenir l’attaque principale. Aussitôt que ces dispositions furent convenues, les Suisses, sans donner le temps au corps qui devait faire une seconde attaque, d’arriver au point où il pouvait la commencer, sans attendre même l’artillerie, se précipitèrent sur les retranchements des alliés, descendirent dans le fossé, s’attachèrent à la muraille, et firent d’héroïques mais d’inutiles efforts pour la franchir. Après avoir perdu près de trois mille hommes, ils y renoncèrent et se retirèrent en bon ordre. Dans ce moment, l’autre atttaque commençait et avait un plein succès. Les Français avaient pénétré dans le camp ennemi, et y semaient le désordre. Mais cetle diversion qui, faite simultanément avec l’allaque principale, devait être décisive, ne fut plus qu’une témérité malheureuse. Les Impériaux, n’étant plus pressés de l’autre côté, sc rallièrent contre ces nouveaux assaillants, et les repoussèrent avec une perte considérable. Lautrec voulut faire recommencer l’assaut. Les Suisses ne le voulurent plus. Ce combat de la Bicoque ruina entièrement les affaires des Français. Les Suisses les quittèrent pour rentrer dans leurs montagnes. Le reste de l’armée repassa l’Adda, et se retira sur le territoire vénitien. Lodi, Pizzighi-tone, Crémone, se rendirent aux Impériaux ; Gènes fut surprise; toute la Lombardie était évacuée, à l’exception des citadelles de Crémone, de iNovarrc et de Milan. François Ier, qui dissipait son trésor, faisait pendre son ministre des finances pour n’avoir pas envoyé des fonds à Lautrec, et les plaintes des Vénitiens, contre une armée qui désormais leur était à charge, avertissaient les Français des véritables dispositions de la république. VI. Pour rentrer plus facilement en grâce auprès de l’empereur, elle refusa de renouveler son alliance avec le roi, et licencia même une partie de ses troupes. Charles-Quint, dont l’objet principal était alors d’écraser la France, voulait que les Vénitiens se déclarassent contre elle. Ce changement était humiliant, et pouvait être dangereux. Il s’agissait de deviner les événements. On employa toutes les ressources de la diplomatie, pour éluder la nécessité de prendre un parti décisif (1S525). L’un des moyens qu’on imagina, pour éloigner le moment où il faudrait céder, fut de demander, qu’avant de conclure celte alliance, on réglât les