LIVRE XXIII. 379 En attendant, à l’exemple des empereurs romains, ses prédécesseurs, il avait ajouté à scs titres celui de pontifex maximus, et le pape, pour ne pas être en reste, avait pris celui de Cœsar. Tous ces princes semblaient avoir changé de rôle ; Maximilien voulait être pape et saint ; Louis XII tenait un concile ; Jules, joignant le titre de César à celui de vicaire de Jésus-Christ, couvrait ses cheveux blancs d’un casque et endossait la cuirasse, pour mener une cour composée de vieux prêtres, sous le feu du canon. Pendant qu’il était plein de ses projets militaires, une maladie aiguë (1), occasionnée, dit-on, par la colère à laquelle il s’était livré en apprenant la convocation du concile, vint en suspendre l’exécution. Dans ce nouveau danger, la ténacité de son caractère ne se démentit point. Aussi indocile sur le lit de douleur qu’inflexible dans le conseil, il ne voulut jamais cesser, malgré une lièvre ardente, de boire à la glace, ni de manger des fruits crus. La force de son tempérament triompha de ce mauvais régime; mais il n’était pas encore en état de quitter Bologne, lorsqu’il apprit que les Français arrivaient à trois milles de cette place. Chaumont, par le conseil des Bentivoglio, seigneurs dépossédés de Bologne, avait entrepris d’y surprendre et d’enlever le pape, qu’il savait entouré de peu de troupes, au milieu d’une population dans laquelle les Bentivoglio comptaient beaucoup de partisans. VIII. On attendait à Bologne des troupes de Na-ples : on savait qu’une partie de l’armée vénitienne était en marche ; mais ni les unes ni les autres n’avaient paru, et les Français étaient aux portes de la ville. L’historien de la ligue de Cambrai fait, au sujet du parti que prit Chaumont, à l’instigation des exilés de Bologne, cette réflexion que l’expérience a souvent confirmée : « C’est manquer de prudence, « dit-il, que de former un projet contre un État, n sur les relations infidèles de ceux que les révolu-