encore plus près de Rome. Dans celte vue, il envoya un corps d’armée aux Florentins, pour les aider à soumettre la ville de Pise; celte expédition n’eut aucun succès. Mais on ne manquait pas de prétextes pour répandre des troupes sur la surface de l’Italie. Il y avait encore un royaume à conquérir. . X. pour pouvoir entreprendre celte conquête avec sécurité, il fallait se mettre d’accord avec l’empereur et avec le roi de Sicile, qui était en même temps roi d’Arragon et mari d’Isabelle, reine de Castille (1302). Un étail avec l’empereur dans unélat de paix fort équivoque. Ce prince n’était pas très - puissant, comme chef de l’Empire; mais il possédait l’Autriche, et il avait acquis à sa maison, par son mariage, les États de la maison de Bourgogne, dont son fils était déjà en possession. Heureusement pour le roi de France, cet empereur était d’un caractère peu entreprenant. Le prêtre Luc, un de ses ministres, disait de ce prince qu’il ne savait prendre ni parti, ni conseil. Ses finances étaient tellement dérangées, que les Italiens l’appelaient Maximilien le nécessiteux (1). Il avait reçu quarante mille ducats du roi deNapIes, pour le secourir par une diversion dans le Milanais. On employa le même moyen pour le détacher de cette alliance. Quant à Ferdinand, roi d’Arragon et de Sicile, ce fut par un traité de partage qu’on l’amena à consentir à la spoliation du roi de Naples, son parent. Ce traité fut négocié par un frère du cardinal d'Am-boise. On régla que Ferdinand, comme héritier de la branche légitime de la maison d’Arragon , et Louis XII, comme succédant aux droits de la maison d’Anjou, s’uniraient pour conquérir les États de Frédéric. Ce royaume était divisé en quatre provinces : la Pouille et la Calabre, qui étaient à la convenance de Ferdinand, à cause de la proximité de la Sicile, lui furent assignées avec le titre de duché; les deux autres, c’est-à-dire l’Abruzze et la terre de Labour, devaient former le royaume de Naples, et le partage du roi Louis. On se rappelle que les Vénitiens tenaient qualre places maritimes sur cette côte, à titre de nantissement. Ces places devaient revenir à Ferdinand, lorsqu’il rembourserait la somme pour laquelle elles avaient été engagées. 11 est inutile de faire remarquer combien ce partage avec un prince puissant et perlide élait impo-lilique. On ne peut pas comprendre comment Louis XII, à qui le roi de Naples avait fait faire toutes sortes de soumissions, et avait offert un hommage, un tribut, des places, put s’obstiner à vou- (1) Massimiliano pochi danari. loir conquérir un royaume qu’on lui soumettait, et cela pour le partager avec un allié très-dange-reyx. Les intérêts et l’indépendance de l’Italie étaient évidemment menacés par ce traité; aussi le linl-on fort secret. Le roi d’Arragon avait envoyé une armée à Frédéric, pour l’aider à défendre ses Étals ; mais à l’approche de l’armée française, les troupes espagnoles se joignirent à elle, et le roi de Naples n’eut plus que le choix de se mettre à la discrélion d’un parent qui l’avait trahi, ou du roi de France; il n’hésita pas, il lit demander un sauf-conduit à Louis XII, et alla en France recevoir une modique pension. L’invasion du royaume de Naples n’eut de remarquable que l’enlèvement de Capouc, pendant qu’on négociait sa capitulation, le massacre des habitants, le partage et la vente des femmes, entre lesquelles le duc de Valenlinois en eut quarante des plus belles pour sa part. On croit lire l’histoire des maliomé-lans, et non celle des chrétiens. Un autre fait, également indigne de la chrétienté et de toutes les nations, ce fut le parjure de Gonzalve de Cordoue, qui, après avoir promis, la main étendue sur l’hostie consacrée, d’observer la capitulation de Manfre-donia,qui assurait au fils aîné de Frédéric la faculté de se retirer librement, retint ce prince prisonnier. Le père, en sortant de Naples, s’était jeté dans l’île d’Ischia, où Guichardin fait remarquer que la fortune avait rassemblé trois têles dépouillées de leurs couronnes; savoir : le roi de Naples, Béatrix, femme répudiée d’Uladislas, roi de Bohême et de Hongrie, et la veuve du dernier duc de Milan. XI. Une conquête si injuste, faite par des moyens si odieux, n’avait rien qui pùt scandaliser un pape tel qu’Alexandre VI. Il ne fut question que de marchander sur le prix de l’investiture. Le roi attachait aussi beaucoup d’imporlance à obtenir de l’empereur Maximilien l’investiture du Milanais. Il était mécontent des Vénitiens, qui sans doute avaient mal dissimulé leurs regrets de voir les Français répandus dans toute l’Italie. Il se repentait de leur avoir laissé prendre possession de Crémone, et se proposait de faire valoir toutes les prétentions qu’un duc de Milan pouvait avoir sur diverses provinces de la république; ainsi, non-seulement il méditait de leur reprendre Crémone et la rive gauche de l’Adda, qu’il leur avait abandonnées par le traité de partage; mais encore Crème, Bergame et Brescia, dont ils étaient en possession depuis longtemps. Mais telle est l'inconséquence des hommes, ou plutôt telles étaient les vues détournées du premier ministre, que la première chose dont on demeura d’accord, dans les conférences qui eurent lieu à Trente, avec l’empereur, futd’abandonnerce même