LIVRE XIX. 297 Le ducat effectif (pour le distinguer du ducat de compte, monnaie idéale), pesant 110 tarais I grain, valant 8 livres. Ces trois monnaies se divisaient en fractions de moitié, du quart et du huitième. Il y avait en outre une petite pièce, nommée Poselle, qui valait 5 livres 18 sols; et une autre monnaie d’argent, uniquement destinée au commerce du Levant, où elle était connue sous le nom de ta-laro. Elle valait un peu moins que la jusline. Les monnaies d’or étaient : Le sequin, pesant 16 karats 3 grains 1/2, et valant 22 livres; Le demi-sequin ; Le ducat d’or, pesant 10 karats 2 grains, et valant 14 livres ; La pistole, pesant 32 karats 2/5, et valant 58 livres ; L’oselle d’or, valant 88 livres. Cette dernière pièce était une médaille plutôt qu’une monnaie. Et enfin l’écu d’or, ayant une valeur triple de celle de l’oselle d’or. Ces monnaies d’or étaient composées de neuf cent quatre-vingt-dix-sept parties d’or fin sur trois parties de cuivre. I)e là venait la faveur dont les sequins de Venise ont toujours joui dans le commerce, comme étant de l’or le plus fin, ce qui en effet était vrai, puisqu’ils ne contenaient d’alliage qu’une quantité égale à 5/1000 de leur poids, mais ce qui n’empcche pas qu’une monnaie alliée d’une plus grande quantité de cuivre ne soit également bonne, pourvu qu’elle contienne le poids de métal fin qui est annoncé. Les poids que je viens d’énoncer, étaient ceux qui sont connus en France sous le nom de poids de marc. Le marc contenant 4808 grains, se divisait eu8onces, l’onceen 144karals, le karat en 4 grains; la fraction des deniers n’était pas usitée, mais 24 grains la représentaient. Je viens de parler des monnaies réelles : dans les calculs de banque on avait un autre langage, on y distinguait les valeurs en monnaie de banque cl monnaies couranles. Le ducat de banque, qui se subdivisait en 24 gros, ou 124 marchettis, valait 9 livres courant 3/4. Le ducat courant avait les mêmes subdivisions, mais ne valait que 6 livres courant 1/3. La livre se subdivisait en vingt sols, et chaque sol en 12 deniers; mais il y avait la livre courante, et la livre de banque ou de gros, et celle-ci valait 96 fois la première. Enfin, pour avoir une idée de la valeur qu’on attachait à toutes ces dénominations, il suffit de savoir que le ducat de banque (en supposant le change au pair) valait en monnaie de France 3 francs ; d’où il suit que le ducat courant valait 5 francs 18 centimes, la livre courante 31 centimes, et la livre de gros 48 francs 96 centimes. XXL Quant au système général des poids et mesures, les Vénitiens n’en eurent jamais aucun. Ils conservèrent les coutumes des pays qui entrèrent successivement dans leurs domaines. A Venise même il y avait plusieurs sortes de mesures. L’esprit mercantile s’accommode fort bien de cette confusion. Seulement il peut n’être pas inutile d’ajouter qu’à Venise on distinguait deux sortes de poids, le poids gros et le poids subtil. Cent livres de poids gros étaient égales à 138 livres de poids subtil. Considérées dans leur rapport avec la livre poids de marc, 100 livres poids de marc équivalaient à 182 livres poids subtil, et à 114 livres poids gros. 30 livres faisaient une mirrhe, cl 40 mirrhes un migliaro. En décroissant, la livre se divisait en 11 onces, l’once contenait 6 sagii, et le sagio 24 karats. XXII. On a vu quelle était l’importance du commerce des Vénitiens et le système d’administration qui le régissait. Je ne saurais entrer dans le détail des objets qui, autrefois, composaient la niasse des exportations et des importations. On y suppléera facilement, pour peu que l’on connaisse quelles sont les productions que l’Europe lire ordinairement de l’Afrique et de l’Asie. D’ailleurs, pour peu que rémunération de ces objets fût de quelque ulilité, il faudrait y ajouter sur les quantités, le prix et le bénéfice de chaque marchandise, des renseignements qui nous manquent. Quand nous posséderions un grand nombre de faits, il serait fort difficile d’en tirer des conséquences justes, à cause des variations continuelles que les circonstances devaient amener. Je pourrai indiquer, mais pour les temps modernes seulement, les objets que Venise achetait et vendait à l’étranger. Nous ne considérons point ici le commerce dans ses effets sur l’existence des particuliers, mais dans son influence sur la prospérité de l’Etat. Cette influence peut se réduire à trois points principaux : l’abondance des fonds que le commerce procurait au.trésor public; l’occupation qu'il fournissait à un grand nombre d’hommes, la facilité qu’il donnait au gouvernement pour entretenir des forces maritimes respectables. Sous le premier rapport, un discours du doge Thomas Moncenigo, que j’ai rapporté textuellement, contient les renseignement les plus authentiques et les plus détaillés que nous ayons. Il me reste donc à faire connaître l’influence du commerce sur l’activité industrielle du peupleel sur la marine de l’Etat.