HISTOIRE DE VENISE. citoyens, à la lèlc desquels le fils du doge Séb. Ziani est inscrit pour mille livres; la somme totale ne monte pas à quinze mille livres vénitiennes: c’était un prêt volontaire. Les emprunts forcés devinrent habituels, et furent exigés ordinairement dans la proportion du centième de la fortune présumée de chaque habitant. L’intérêt dans le principe était fixé à cinq pour cent, d’autres disent à quatre. Un second dépôt fut ordonné environ deux siècles après, en 1582; un troisième en 1455, et plusieurs autres l’ont été successivement ; mais l’intérêt de l’emprunt primitif fut réduit à deux pour cent, en 1520, et enfin une partie des remboursements eut lieu, non sur le pied du capital originairement versé, niais au prix de l’achat fait par les possesseurs actuels de ces créances. Ne pouvant rétablir son commerce dans l’Orient, Venise venait de renouveler son alliance avec le roi de Sicile; elle était tombée dans un tel clat de faiblesse, que les pirates d’Ancône insultaient scs vaisseaux dans l’Adriatique et qu’on eut bien delà peine à les repousser. III. Le doge voulut mériter la bienveillance de sa nation au moins par des actes de munificence. 11 fil de grandes libéralités à Saint-Marc. L’église du patron de la république s’embellissait et s’enrichissait tous les jours : le soin de diriger les travaux qu’on y faisait sans cesse et de veiller sur son trésor devint une charge importante. On donna le nom de procurateurs de Saint-Marc aux marguilliers de la chapelle ducale. Leurs attributions s’étendirent; cette fonction devint une dignité, la seconde de la république; le nombre des marguilliers ou procurateurs fut porté de trois à neuf, et ensuite jusqu’à quarante ou cinquante, lorsque cette dignité fut devenue vénale (1). Les citoyens de Venise n’étaient pas encore distingués en nobles et en plébéiens, mais on comptait déjà des familles anciennes tombées dans la pauvreté. Ziani fonda de ses deniers un monastère destine aux demoiselles appartenant à ces familles. Cette maison, connue sous le nom deMonistero delle vergini, devint l’asile des filles d’un sang patricien, nées sans lortuue. Le doge en conserva le gouvernement spirituel et temporel; c’était lui qui en nommait l’abbesse, et il l’épousait en grande (1) 31. le docteur Fracasso, fjui m’a fait l'honneur de traduire celtc histoire, relève quelques inexactitudes dans ce passage. Voici sa note: « I)a prlncipio non ve n’ebbe clic uno, nel 1251 se ne elesse un seconde; nel 125!) un lerzo, e in seguito fin nove diordinarj. Se ne clesscro di straordinarj. tanto péri straor-dinai j merili o liguaitU. quanlo per istraordinarie offerte faite allo stato iu urgenti bisogni., cd ù una vera Gloria pci cérémonie, le jour qu’il en prenait possession. IV. Il y avait plus de cinquante ans que deux colonnes de granit, trouvées dans une ile de (’Archipel, avaient été débarquées sur le rivage de Venise, sans qu’on eut entrepris de les élever; l’art de la mécanique n’était pas puissant à cette époque. Ce fut un architecte lombard, nommé Barratier, qui réussit à ériger ces deux énormes masses sur la petite place Saint-Marc. Le moyen qu'il employa consistait à les exhausser peu à fl^u en mouillant les câbles qui les tenaient suspendues, et qu’il raccourcissait après avoir étayé le fardeau. On l’avait, dit-on, laissé le maître de fixer le prix de ce service; sa demande fut bizarre; il exigea que les jeux de hasard, sévèrement défendus alors dans Venise, fussent permis dans l’intervalle qui séparait les deux colonnes. Le doge consentit à l’introduction d’un abus plutôt que de rétracter sa promesse, et les jeux défendus eurent un asile au milieu de la place publique, en face du palais du gouvernement. Ce scandale a duré près de quatre cents ans, jusqu’à ce qu’on ait imaginé d’attacher quelque honte à la fréquentation de ce lieu, en l’affectant de l’exécution des criminels. Uneaulre anecdote relative aux embellissements de Venise peut servir à faire connaître les mœurs de ce peuple. L’agrandissement de la place Saint-Marc exigeait la démolition d’une vieille église; mais le gouvernement n’osait pas l’ordonner sans la permission du pape. L’ambassadeur à Rome fut chargé de la solliciter, et la chambre apostolique répondit par celte décision : « La sainte Église ne permet ja-« mais de faire le mal, mais quand il est fait elle le « pardonne. » En conséquence de cette décision, on démolit l’église de Saint-Geminien, et le pape imposa aux Vénitiens une pénitence, qui était tous les ans l’occasion d’une cérémonie publique. Le doge, accompagné de son conseil et des ambassadeurs étrangers, venait sur la place Saint-Marc. Le curé de la paroisse, à la tète de son clergé, s’avancait de son côté jusque sur le terrain que l’ancienne église occupait autrefois. Là il adressait ces paroles au doge: « Jcdemande à votre sérénité quand il lui plaira de faire bâtir mon églisesur son premier emplacement;;' le doge répondait : « L’année prochaine. » Cette promesse a été renouvelée pendant six cents ans. Veneziani che siensi trovati in una sol volta fino a quaranta cittadini, i quali ambirono e conseguirono a gara, in quest’ ultinio caso, uua si onorevole marca di patriotica générosité. Con più lemperanza di frasi, con piü précisions* di racconlo avrebbesi dovuto direcosl. l’er il fatto non vi furono mai più di tremaquatlro procuratori di San Marco (ncl l71i), dunque sol venlicinquc straordinarj. »