LIVRE XXL 349 réconciliera avcc la France ; il changera son plan de campagne, il changera d’alliés et d’ennemis, mais il n’en persistera pas moins dans ses projets d’invasion. Nos provinces sont encore plus à sa convenance que le Milanais. Si vous reconnaissez qu’il a une extrême passion do pénétrer en Italie, pouvez-vous douter qu’il ne recoure à ce moyen, quand nous lui en aurons fait une nécessité ? « On cherche à se rassurer par l’inimitié de ces deux princes, et par l’intérêt bien évident qu’ils ont tous les deux de ne pas favoriser mutuellement leurs progrès, surtout dans le voisinage l’un de l’autre. Cela est incontestable ; cependant le passé doit nous apprendre à ne pas compter sur celte garantie. Us ont signé deux fois un traité d’alliance pour nous dépouiller, et notre république n’a échappé jusqu’à présent à ce danger que par des circonstances fortuites. Mais il me semble que ce danger existe encore. « L’empereur doit être irrité contre Louis XII, à cause de la violation du traité de lilois, je lésais, et je me fierais à son ressentiment, si je ne lui connaissais une extrême inconstance dans le caractère, une grande impatience de s’établir au delà des Alpes, et la nécessité absolue de trouver un allié avant d’entreprendre cette conquête. Par conséquent il le cherchera, et il n’y en a que deux , le roi de France et nous. Sur notre refus, il ne verra plus dans le roi un souverain qui l’a offensé, mais un prince dont le secours lui est nécessaire. « Les raisons qui pourraient éloigner Louis XII d’une alliance avec Maximilien sont peut-être encore plus puissantes. Elles ne m’inspirent pourtant aucune sécurité. D’abord le roi craindra que nous ne finissions par nous liguer avec l’empereur contre lui, et il voudra nous prévenir : en second lieu, il n’a rien à gagner à faire la guerre à l’empereur, puisque celui-ci ne possède encore rien en Italie; au contraire le partage de nos belles provinces doit le tenter. 11 ne cessera d’être sollicité contre nous, par les Milanais, qui ne sont pas encore consolés du démembrement de leur État; par les Florentins, qui ont tant de crédit sur lui ; par le duc de Ferrare, par le marquis de Mantoue, nos voisins; parle roi de Naples, avec qui il vient de se réconcilier, et qui est impatient de ressaisir les places que nous occupons sur ses côtes; enfin par le pape, qui nous voit à regret posséder encore deux ou trois villes dans la Ro-magne. A ces sollicitations du dehors se joindront des instigations domestiques plus pressantes encore. Personne de vous n’ignore l’ambition avouée du principal ministre du roi : cette ambition est « un poids qui fait trouver suffisantes toutes les « raisons pour envoyer une armée française en « Italie, et légers tous les sacrifices pour l’y main-« tenir. Pouvez - vous penser qu’il se laissera ar-« rèter par les inconvénients d’une guerre dispen-