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HISTOIRE DE VENISE.
<i du corps germanique et de l’empereur. Comme le « choix entre ces deux positions ne peut pas être « douteux,jeniedécidepour celle qui offre le plus de « sûreté, et je propose l’alliance avec Maximilien. »
  Cette harangue fut appuyée par les sénateurs Dominique Morosini et André Vénier.
  André Critti, homme grave, à qui sa prudence donnait une grande autorité dans le conseil, se leva pour combattre cette opinion.
   « Je reconnais, dit-il, la difficulté d’établir des h faits assez constants, pour décider la question « qui nous occupe. Mais c’est parce que l’avenir « est hors de notre puissance et de notre pré-« voyance, que je m’attacherai à des considérait lions plus simples, à l’intérêt du moment. Il ine •I semble que, dans l'opinion qu’on vient d’ex-« poser, on a poussé le raisonnement jusqu’à la h subtilité.
  « Sans nous jeter dans les ténèbres de l’avenir, « examinons bien quelle est notre position actuelle. h Louis XII est en Italie de notre aveu, puisque h nous l’avons aidé à conquérir le duché de »Milan : h nous avons peut-être eu tort, mais cela est fait. « Aujourd’hui nous ne pouvons prétendre qu’il en « possède injustement une partie , sans avouer que « nous ne sommes pas détenteurs légitimes de « l’autre. Il y a même plus : il s’est fait donner par it l’empereur l’investiture de la part qui lui est « échue ; il a vu les Milanais aller au-devant de son h joug. Nous, nous avons vu Crémone nous fermer ii ses portes, et l’empereur n’a point reconnu notre « droit de possession. Nous ne pouvons doncespérer h d’être maintenus dans celte acquisition , que par « celui qui a fait avec nous ce partage.
  « Nous sommes, depuis plusieurs années, les « alliés du roi de France, et cette alliance est si « réellement fondée sur des intérêts communs , <i qu’elle n’a pas laissé de subsister, malgré les « nuages qui se sont élevés plusieurs fois enlre le it roi et nous. Si cette alliance est naturelle, solide, « nécessaire, ce serait une imprudence de la roni-« pre, pour prévenir des dangers qu’une politique « subtile veut donner comme probables, mais dont « elle parvient à peine à établir la possibilité. « L’Italie nous reproche d'avoir attiré les Français it au delà des monts, sans considérer qu’alors nous ne ii pouvions guère faire autrement. Mais son ani-ii madversion sera bien plus vive , si nous lui don-« nonsaussi le droit denousattribucr l’invasion des « Autrichiens.
  h Je pense donc que notre intérêt, comme notre « dignité, nous conseille de rester dans l’alliance du ii roi, et que nous ne pouvons livrer le passage à « l’empereur, sans nous attirer l’inimité de tous nos « voisins.
  « Sans doute que c’est un malheur de voir les « Français dans la Lombardic, mais le plus grand « de tous serait d’y voir aussi les Allemands : car « l’empereur et le roi, s’ils s’unissaient, nous oppri-it nieraient; s’ils se faisaient la guerre, ils ravage-« raient notre patrie et finiraient par s’accorder à « nos dépens.
  « Puisqu’il faut avoir la guerre, lâchons au moins « de la faire au delà de notre territoire, ou sur nos « frontières éloignées, plutôt que de l’appeler au « centre de nos États. Ouvrir le passage aux Autri-« chiens, c’est nous soumettre à fournir le champ « de bataille.
  « Quand il faut choisir enlre deux alliés, il est ii naturel de se décider pour celui dont l’alliance est « plus utile et la lidélité moins suspeete. Louis XII « est incontestablement plus puissant que l’empe-11 reur ; c’est un prince économe ; je ne lui con-« nais point de raisons de nous haïr, quoique « j’avoue qu’il peut convoiter quelques-unes de nos h provinces, et que nous lui avons donné des sujets « de mécontentement ; mais il n’est pas tellement h affermi dans scs conquêtes qu’il puisse vouloir de « sitôt en essayer de nouvelles. Milan lui a échappé « immédiatement après sa première soumission, « Gênes était en état de révolte, il y a peu de mois, u II a eu des différents avec les Suisses pour Belin-« zona. Il n’ignore point que le pape a encouragé « les Génois dans leur insurrection. 11 sait que l’ein-« pereur peut se servir des enfants de Louis Sforce « pour exciter des troubles dans le Milanais. Ces « considérations sont autant de liens qui attachent « le roi à notre république, ou qui du moins doi-« vent lui faire éviter une rupture avec elle.
  « Maximilien ne pourrait pas entreprendre une « guerre avec le roi de France, s’il ne disposait des ii forces du corps germanique. Mais quelles sont ces « forces? on avait d’abord annoncé quatre-vingt-dix « mille hommes; ensuite ils se sont réduits à trente, « et il est possible que ce nombre soit encore exa-« géré de moitié. Malgré la réduction de cette ar-« niée, la diète ne s’est engagée à la soudoyer que « pendant six mois; et en effet elle n’a pas un grand ii intérêt à faciliter à l’empereur des conquêtes, qui « ne tourneraient qu’à l’avantage personnel de ce « prince. Le pape a refusé à Maximilien l’autorisa-« lion de disposer, pour cette expédition, de cent u. mille ducats qui avaient été levés en Allemagne ii pour la croisade contre les Turcs. L’empereur « demande des subsides aux Florentins, aux Sien-« nois, à tous les petits princes d’Italie; niais c’est « un mauvais moyen d’en obtenir que de faire en-« trevoir, pour prix d’un pareil sacrifice, laperspec-« tive du ravage et ensuite de l’oppression. Ainsi « Maximilien, qu’on surnomme le nécessiteux à si