18 HISTOIRE DE VENISE. LIVRE II. DIVISIONS INTESTINES. — ENTREPRISE DE JEAN PARTICIPATIO SUR LE COMTÉ l)E COHACCHIO. LA FLOTTE VÉNITIENNE BATTUE PAR LES SARRASINS A CROTONE, ET FAR LES NARENTINS A MIC0I.0. INVASION DES 11UNGRES : ILS ATTAQUENT VENISE. LEUR DÉFAITE (830-900).— DOGES DELA MAISON CANDIANO. PIERRE CANIIIANO IV, MASSACRE. — ABDICATION DE QUATRE DOGES (! 01-991). — RÈGNE DE PIERRE URSEOI.O II.— RÉUNION DE LA DALMATIE A l’ÉTAT DE VENISE (991-1006). — SÉDITION. — USURPATION DU DOGAT PAR DOMINIQUE URSEOI.O. — EXPULSION DE CETTE FAMILLE. — RÉVOLTE DE ZaRA. —GUERRE CONTRE LES NORMANDS (1006-1096).— PREMIÈRE CROISADE. — EXPÉDITION ES CA LABRE. — GUERRE CONTRE LES PADOUANS. — INCENDIE IIE VENISE. — GUERRE CONTRE LES HONGROIS ( 1 090-111 7). RÈGNE DE DOMINIQUE MIC1IIELI. — NOUVELLE EXPÉDITION EN SYRIE, OU DEUXIÈME CROISADE.— PRISE DE TYR (11 17-1130). — PRISE DE CORFOU. — EXPÉDITION DE SICILE.— DOGAT DE VITAL MICUIEU II. -—SINGULIER TRIBUT IMPOSÉ AU PATRIARCHE Ii’aQUILÉE. — GUERRE CONTRE L’EMPEREUR d’oRIENT. — DÉFAITE DE 1,’aRMÉE.— PESTE A VENISE. — LE DOGE ASSASSINÉ (11 30-11 73). — CHANGEMENT DANS LA CONSTITUTION DE I.’éTAT. — ÉLECTION DE SÉBASTIEN ZIANI (1173). I. Jean Participatio se trouvait seul en possession du trône ducal, par la mort de son frère. Il eut d’abord à réprimer quelques entreprises des pirates narentins. A peine cette affaire était-elle terminée qu’un bruit se répandit que l’ancien doge Obelerio avait rompu son ban et était arrivé sur la côte de Vigiglia. Jean accourut pour arrêter les progrès de ce compétiteur; mais, au moment où il allait combattre, le doge se vit abandonné par une partie de ses troupes levées à Malamocco, pays d’Obelerio. Il revient sur ses pas, entre dans Malamocco; et, pour punir cette ville de l’infidélité des soldats qu’elle lui avait fournis, la réduit en cendres. Aussitôt après, il marche de nouveau contre son compétiteur, l’attaque, le défait, s’empare de sa personne, et le livre à la main du bourreau. Ce ne fut point assez pour satisfaire le ressentiment populaire que l’ancien doge s’était attiré. Son corps fut 1 objet de mille insultes, on alla jusqu’à lui déchirer les entrailles avec les dents. II. De la fureur contre le vaincu on passa en un instant à hi haine contre celui par qui Venise en avait été vengée. Jean Participatio, surpris dans son palais par des conjures, eut à peine le temps d’échapper pour se réfugier en France. Cette conjuration avait pour chef un certain Carossio, fils de Bonico, que cette violence plaça à la tête du gouvernement. La révolution fut si subite qu’elle ne trouva aucune résistance; il fallut concerter secrètement des mesures contre l’usurpateur. Les principaux de la république étaient les plus intéressés à le renverser. Trente conjurés, à la tête desquels étaient Basile Trasimondo, Jean Marturio, et Dominique Ortianico, fondirent à l’improviste sur Carossio, et l’exilèrent après lui avoir fait crever les yeux. Le doge, rappelé pour reprendre l’exercice de sa dignité, en usa de manière à faire beaucoup de mécontents; les factions divisèrent la ville, mais celle de Jean Participatio n’était pas la plus forte. Un jour, dans la cathédrale même, pendant l’office divin, ses ennemis l’assaillirent, le déposèrent, lui coupèrent la barbe et les cheveux, et le reléguèrent à Grado, dans un monastère. On procéda sur-le-champ à l’élection d’un nouveau doge; les suffrages se réunirent sur Pierre Tradenigo, originaire de Pola (836). III. L’uu des premiers actes de ce nouveau doge fut de s’adjoindre son fils Jean, qui ne lui survécut pas. 11 envoya ce fils contre les pirates narentins,avec lesquels la république était dans un état de guerre habituel, mais cette expédition n’eut point de résul-