LIVRE XI. 183 Venise devenait maîtresse de Padoue, de cette ville antique d’où elle tirait son origine. Il fut stipulé, dans l’acte de prise.de possession, que la ville conserverait son université et ses manufactures de laine, et que le sel serait fourni à ses habitants, par les salinesde la république, au même prix qu’à ceux de Vicence et de Vérone. Lorsque les députés vinrent mettre aux pieds du doge les clefs et le drapeau de leur ville : « Allez, « leur dit-il, vos péchés vous sont remis. » Ces paroles semblaient annoncer l’oubli de toute injure. Elles furent cruellement démenties. François Carrare et son fils, en arrivant à Venise, furent déposés dans un couvent de l’île de Saint-George, à l’extrémité de la ville. Apparemment qu’on voulut éviter de la leur faire traverser en plein jour. Ils avaient fait une guerre trop vive aux Vénitiens pour ne pas mériter les vociférations de la populace. Le lendemain ils furent amenés en présence de la seigneurie. A genoux devant le doge, ils implorèrent la clémence de la république. C’était alors l’usage de mêler toujours des paroles de l’Écri-ture Sainte aux discours publics. «J’ai péché, « seigneurs, s’écriait François Carrare, ayez pitié «i de nous. » Le doge leur fit signe de se relever, puis de prendre place à ses côtés, et s’adressant au père, répondit à peu près en ces termes : « Vous avez