32 HISTOIRE DE VENISE. pies leur origine commune, les exhorta à vivre en lionne intelligence, lit rétablir les limites comme elles étaient avant l’agression des Padouans, fit rendre les prisonniers, et profila de cette occasion pour demander à Venise le tribut du manteau de drap d’or, malgré l’abolition accordée par l’un de ses prédécesseurs (1111). Venise éprouva, peu de temps après, de grandes calamités : un incendie, qui commença dans la maison d’un particulier, lit les plus rapides progrès dans une ville bâtie presque entièrement en bois. Six rues, plusieurs églises, divers quartiers furent consumes; la largeur du grand canal n’empccha point l’incendie de s’étendre, et l’abondance de l’eau ne put le ralentir ; il fallut attendre que le feu eût dévoré ce qu’il avait atteint. Les cendres de cet incendie fumaient encore lorsqu’il s’en déclara un second plus terrible. Il dévasta seize Iles, c’est-à-dire le tiers de Venise, et gagna le palais ducal : les flammes semblaient s’élever du sein des eaux; c’était un volcan au milieu de la mer. Le commerce fit des pertes immenses; les citoyens se trouvaient sanshabitations.Presque au même instant, le même fléau ravagea la ville de Malamocco; la mer, qui s’éleva à une prodigieuse hauteur, rompit ses digues, et submergea entièrement cette île dévastée par les flammes. Il n’y avait pas moyen de relever Malamocco de ses ruines; on en transporta les habitants à Chiozza, avec le siège épiscopal : pour Venise, on se hâta de construire de nouveaux édifices; l’ordonnance en fut plus régulière; on alla chercher sur le continent des matériaux moins combustibles ; des palais de marbre s’élevèrent sur les débris des maisons de bois, et annoncèrent que Venise allait devenir une des plus belles capitales de l’univers. XXXVIII. Le roi de Hongrie entreprit d’expulser les Vénitiens de son voisinage. II se présenta avec une armée devant Zara, dont les habitants lui ouvrirent les.portes, et chassèrent le magistrat vénitien. Le doge traversa la mer, se présenta devant la ville rebelle que les Hongrois défendaient, et en commença l’investissement. Le siège, quoique poussé avec vigueur, pouvait être long, lorsque le roi accourut à la tète de son armée pour le faire lever (111!5). Pallier marcha à lui, et remporta une victoire signalée, qui décida de la reddition de la place. Il punit les rebelles, poursuivit les Hongrois au delà des montagnes, rançonna le pays, et reparut dans Venise précédé de ses prisonniers et des drapeaux, trophées de sa victoire. Pour en perpétuer le souvenir, il fut décidé que le doge ajouterait à scs titres celui de duc de Croatie. Il avait déjà reçu, comme quelques-uns de ses prédécesseurs, celui de protospataire de l’empire. Deux ans s’étaient à peine écoulés que les Hor, grois revinrent à la charge; le doge partit une si conde fois pour aller les combattre. Il leur livr, bataille près de Zara; l’action fut très-vive, on coït, battit corps à corps, et Fallier, donnant l’exenip!. aux siens, se précipitait à leur tête dans la mêlé» La résistance des ennemis exigeait de sa partit, derniers efforts, mais son courage fut précisemei ce qui occasionna la perte de la bataille et des® armée. Atteint de plusieurs coups mortels, il tonifo L’armée demeurée sans chef ne combattit plus qu’e désordre; tout fut pris ou massacré, et ce nefc qu’avec peine que quelques-uns regagnèrent lcro vaisseaux (1117). Ce revers abattit le courage des Vénitiens. Il firent demander la paix au roi de Hongrie, quircçi avec beaucoup de hauteur les ambassadeurs de 1; république, et ne voulut accorder qu’une trêved cinq ans. XXXIX. Dominique Michieli venait d’être élet au dogat, lorsqu’il reçut de Baudouin II, roi de Jt rusalem, une ambassade, qui le sollicitait d’envoyt des secours aux chrétiens de l'Orient, pressés d toutes parts par les infidèles. Les ambassadeurs,e: excitant le zèle pieux des Vénitiens, ne négligeai« pas de leur promettre de nouveaux avantages pou leur commerce. Pendant qu’on négociait, le pér: augmenta; Baudouin fut fait prisonnier. Alors! pape Calixle II s’adressa à tous les princes chrt tiens, pour les presser de délivrer le reste de leur frères qui combattaient encore dans la Syrie ; Iî doge, plein d’une ardeur martiale, assemblai concitoyens, leur lut la lettre du saint-père, e leur tint ce discours, que les historiens ont conserve (1117). ii Vénitiens, après les combats qui, depuis vingt-« six ans, ont été rendus pour délivrer la Judér « après les exploits qui, sur terre et sur mer, oi « illustré vos armes et celles des autres nations « vous avez vu les Barbares, ennemis du nom chrt « tien, expulsés par ces glorieux efforts du vaslL « territoire qui s’étend entre la Bithynie et la Syrie « Des villes fameuses, Smyrne, Ptolémaïs, Ascalo» « Caïpha, Tibériade, se sont rendues aux alliés i: et vous avez été appelés au partage des conquête « comme de la gloire. « Mais la vicissitude éternelle des choses humai ii nés a bientôt amené des jours de deuil, après tan' « de prospérités; le vaillant Godefroy, le premif « des Baudouin, Boëmond, Tancrède, et tant d’au-« très héros, ont succombé; leur mort a laissél; ii Syrie sans défense, et les chrétiens environnes A' ii dangers tous les jours plus imminents. Dernière « ment, le roi Baudouin a été fait prisonnier par h’1 « Sarrasins, et amené chargé de fers à Carrha. If