LIVRE XXII. 5S9 V. Dans les premiers moments, il montra même une assurance qui allait trop loin. C’est ce qui arrive quelquefois dans les grands dangers contre lesquels 011 appelle tout son courage. Lorsqu’on délibéra, dans le conseil, sur la proposition du souverain pontife, Louis Molino fut d’avis de répondre de manière à amener une négociation, en faisantentrevoir que la république ne se refuserait pas à un accommodement; mais le procurateur Dominique Trévi-sani opina en ces termes : « Est-ce donc une chose « si importante, pour la sûreté de la république, de « compter le pape de plus ou de moins dans la ligue « de ses ennemis, qu’elle doive sacrifier ses posses-« sions et sa dignité, pour le détacher de cette li-« gue? ne savons-nous pas qu’il n’y a été admis que « pour colorer l’avidité des confédérés du prétexte « des intérêts de l’Eglise? n’auraient-ils pas formé « cette conjuration sans lui, comme avec son con-ic cours? quand il se séparerait d’eux, en seraient-« ils moins ardents à poursuivre leur dessein ? est-ce « de ses armes qu’ils ont besoin? 11 est vrai qu’il en « a de deux sortes; mais ses milices sont un objet « de mépris ; nos villes de la Romagne sauront bien «i les repousser, même sans que nous envoyions à « leur secours ; et l’avantage de n’avoir pas ces trou-« pes à combattre, ne vaut pas le sacrifice de ces « places. Quant aux armes spirituelles, pourquoi