LIVRE XXL i juste tilre, se verra bientôt dénué des moyens pé-.1 cuni,lires indispensables pour soutenir une guerre i: sérieuse. Une fois engagés dans cette guerre ■i comme scs alliés, ce sera à nous d’y pourvoir; et « comme il faudra toujours payer ses troupes avant les nôtres, il conservera une armée, quand nous « n’en aurons plus. Nous nous trouverons à sa dis-« crélion. « Voilà quelle sera notre condition dans ee sys-« lème d’alliance; nous fournirons le territoire et h l’argent. Mais du moins cette alliance offre-t-elle « quelque stabilité? je ne le vois pas : l’empereur, u qui passe pour un habile homme de guerre, n’a ii pas moins la réputation d’un prince inconstant. « Indépendamment de cette mobilité de caractère, « sa politique peut lui conseiller de faire une paix « séparée. Remarquez qu’il n’a point d’Etatsen Italie: « que, quand il voudra, il pourra en retirer ses ar-« mées ; et que les Français, au lieu de le poursui-« vre, se jetteront sur nous pour nous accabler. « Je vois donc plus d’utilité et de sûreté, pour « nous, dans l’alliance du roi de France que dans « celle de l’empereur. « Maintenant examinons ce qui doit naturelle-« ment nous arriver avec l’un ou l’autre allié, dans ii la double hypothèse de la bonne et de la mauvaise « fortune. « Je suppose que nous persistions dans notre al-ii liance avec le roi. Si la guerre est heureuse pour « nous, les Allemands ne pénétreront pas dans no-« tre territoire; c’est déjà un grand avantage. Le ii roi ne sera autorisé à nous rien demander. Nous ii aurons le droit d’intervenir dans les conditions de « la paix. Il n’est pas probable que nous nousagran-« dissions; mais nous aurons accru notre considé-ii ration et notre influence. L’Italie nous devra de « l’avoir préservée, et il n’y aura point de raisons ii pour que le roi se détache de notre alliance, au ii milieu de nos succès communs. « Si la guerre est malheureuse au contraire, le ■i roi n’en sentira que plus fortement la nécessité de « notre alliance. Il aura, comme nous, son terri-ii toire à défendre ; il s’en occupera sans doute plus « spécialement que du nôtre ; mais il appellera les ii ressources immenses qu’offre son royaume. Il « pourra obliger les autres puissances de l’Italie à •i faire cause commune avec nous, et, dans tous les « cas, il sera en état de résister pendant plusieurs •i campagnes à la mauvaise fortune. « Voyons maintenant ce qui nous attend dans " l’alliance de l’empereur. Heureux, il ne voudra « point faire de paix qu’il n’ait entièrement chassé « les Français d’Italie. C’est une grande entreprise, « qui veut du temps et dont nous avancerons les || frais. Quand il y aura réussi, il se dira notre libé- « rateur ; il voudra être notre arbitre, et nous fera h encore payer sa protection. Peut-être nous de-« mandera-t-il les provinces qui ont été détachées h du duché de Milan. La plus grande faveur qu’il « nous puisse faire, c’est de nous traiter comme scs « vassaux ; et en supposant que nous conservions u toutes nos possessions et toute notre indépen-ii dance, nos provinces resteront pressées entre l’Au-« triche et le Milanais, qui appartiendront alors au « même souverain et à un prince plus puissant que « nous. « Si ses armes n’obtiennent pas des succès déci-« sifs, il ne portera pas ses prétentions jusqu’à ex-« puiser entièrement les Français audelà des monts; « mais il s’établira lui-même en Italie, et nousse-« rons probablement obligés de lui fournir une u partie de son nouveau territoire. Ainsi nous nous « trouverons affaiblis, et nous aurons en Italie deux « redoutables étrangers au lieu d’un. Ce sera bien « pis si la guerre est malheureuse. Les ressources « de Maximilien se trouveront épuisées au bout de « quelques mois; et comme il n’a point d’intérêt « réel en deçà des Alpes, il se retirera dans ses Etats « ou fera sa paix séparée. « L’alliance de l’empereur a doue des ineonvé-« riients et des dangers que ne présente pas celle du ii roi de France. ii Mais les orateurs qui m’ont précédé ont déplacé ii la question. Ils ont omis toutes les considérations « que je viens de développer, pour s’attacher à une « supposition unique, à l’alliance de ces deux prin-ii ces contre nous. Sans doute ce serait un grand « danger. Ce danger ne serait pas nouveau, vous « l’avez couru deux fois, et vous avez vu, par celte « expérience, combien il était diffieilequ’une union « peu sincère, désavouée par la politique, contra-« riée par tant de jalousies et d’inimiliés, eût aucun « résultat. « Je ne veux pas cependant qu’une sécurité im-« prudente nous fasse fermer les yeux sur un dan-« ger très-réel. Ce danger n’est pas impossible, puis-« qu’il a existé. Je demande seulement si son retour « est plus probable quand nous resterons les alliés ii du roi, que lorsque nous serons unis à l’empereur. « Il paraît qu’à Trente et à Blois la proposition « de former une ligue pour notre perte est venue « des ministres français. Est-ce un piège tendu à « l’empereur pour l’empêcher de s’opposer aux pro-« grès du roi en Italie? était-ce un dessein véritable « de partager nos provinces avec lui ? je n’examine ii pas cette question ; mais à l’époque où ces propo-ii sitions ont élé faites nous étions les alliés du roi; u par conséquent la même idée peut lui venir une « troisième fois, sans que nous ayons rompu notre ii alliance.