168 CHAPITRE X. livra à des excès contre les membres du haut clergé; on vit des fidèles interpeller dans l’église les prédicateurs qui vendaient les indulgences. Trois perturbateurs furent saisis et décapités par les consuls de la vieille ville; mais le peuple, loin de se laisser terrifier par cette mesure de rigueur, s’empara do leurs cadavres et les déposa comme des reliffues de martyrs dans la chapelle de Bethleem. Jean XXIII prononça l’anathème contre Hus et déclara mise en interdit toute ville où il résiderait ; le roi épouvanté invita lui-même Hus à quitter Prague; mais, bien accueilli dans les châteaux de la noblesse nationale, le Maître trouva chez le peuple des campagnes un auditoire docile et enthousiaste; du fond de ses retraites, il publiait des ouvrages de controverse, lus avec d’autant plus d’avidité qu’il était en sa langue un écrivain de premier ordre, et un véritable réformateur. Le roi Vacslav voyait non sans terreur ses doctrines se répandre dans son royaume, que le Saint-Siège et la papauté désignaient comme un foyer d’hérésie. Il s’efforçait de calmer Jean Hus et de le réconcilier avec le nouvel archevêque de Prague, Albic. Cependant la vente des indulgences n’avait pas suscité au pape les défenseurs qu’il avait espérés. Chassé de Rome par le roi de Naples, il avait dû fuir jusqu’à Bologne. Dans cette situation critique, il se rallia à l’idée d’un concile général, qui viendrait en aide aux maux de l’Église et aux misères du Saint-Siège. Dans une entrevue qu’il eut à Lodi avec l’empereur Sigismond, la convocation d’un concile fut décidée, et la ville de Constance désignée pour en être le siège. Le roi Vacslav crut voir dans le concile le seul moyen de mettre fin aux convulsions religieuses de la Bohême, qui embarrassaient singulièrement son esprit indécis. L’empereur invita Jean Hus à se rendre à Constance, sous la garantie d’un_ sauf-conduit impérial, pour y justifier sa doctrine. Le Maître, ainsi que l’appelaient ses compatriotes n’était pas homme à reculer devant cette injonction; il se croyait assez sûr de la vérité pour l’imposer à ses adversaires ; il était assez enthousiaste pour la défendre jusqu’à la mort. Il arriva accompagné d’une