LA RÉVOLUTION HONGROISE. 523 pour qu’on pût songer à proclamer la république. Kossuth fut nommé gouverneur président, et constitua un nouveau ministère. Cette fois, la Hongrie rompait définitivement avec fa légalité à laquelle elle avait paru jusqu’alors si attachée. Gœrgev était ministre de la guerre ; le comte Bat-thyany fut chargé des affaires étrangères ; mais il n’y avait en Europe qu’un seul Etal qui voulût bien traiter avec la Hongrie, et c’était la république éphémère de Venise. Un grand succès suivit la déclaration d’indépendance; la forteresse de Bude fut reprise aux Autrichiens 21 mai) ; mais trois semaines auparavant la Gazette officielle de Vienne avait annoncé que le tsar Nicolas, sollicité par l'empereur François-Joseph, mettait à sa disposition les armées russes pour écraser ses sujets révoltés. C’était avouer l’impuissance de l’Autriche : c’était en même temps, ainsi qu’on l’a fait remarquer, désigner la Russie comme le protecteur naturel des Slaves opprimés par les Hongrois. En vaiD Ladislas .Teleki à Paris, Jules Andrassy, en Turquie, essayèrent-ils de provoquer une contre-intervention en faveur de la patrie menacée. Le 4 juin les Russes arrivèrent à Pozony: Haynau, qui s’était fait en Ralie une honteuse célébrité, battit les généraux hongrois sur le Danube et marcha sur Pesth ; cent mille Russes, commandés par Paskievitch, entrèrent par la Galicie; cinquante mille pénétrèrent en Transylvanie. Cependant Gœrgey tenait une conduite ambiguë, analogue à plus d’un point de vue à celle qu’a tenue naguère le commandant supérienr de notre armée de Metz; il affectait de combattre l’ennemi et méditait au fond de négocier avec lui et de restaurer la royautéi Kossuth aux abois investit du commandement suprême le Polonais Bem ; la Diète de Debreczen proclama l’égalité des races; mais il était trop tard (28 juillet). Le 11 août Kossuth abdiquait la dictature aux mains de Gœrgey ; le surlendemain celui-ci capitulait à Vilagos et livrait aux Russes vingt-trois mille hommes et cent trente canons. Ce fut le signal de la déroute; Bem et Kossuth passèrent en Turquie ; Kis rendit Petervarad le 27 août, Klapka défendit Komarom jusqu’au 25 septembre. « La Hongrie, écrivait