LES EMPEREURS AUTRICHIENS. 271 guerre de la succession de Pologne terminée par ie traité de Vienne (1735) lui fit perdre une partie de ses possessions de Lombardie et les Deux Siciles, cédées à don Carlos en échange de Parme et de Plaisance. Mais ces pertes ne peuvent être considérées comme un affaiblissement réel pour l’État autrichien ; un échec plus sérieux fut celui qu’infligea à l’Autriche le désastreux traité de Belgrade (1739) qui rendait à la Porte la plupart des acquisitions que celui de Poüarevac (Passarovitz) avait assurées à la Hongrie. Peu de temps avant ce traité, Charles VI avait perdu le grand général des armées autrichiennes, Eugène de Savoie. Il lui survécut peu. Il mourut en 1740 à l’âge de cinquante- six ans. On loue son goût pour les arts, notamment pour la musique; il attira à Vienne les plus célèbres artistes italiens, Scarlati, dont il fut l’élève, et Cal-dara; il embellit cette ville, fonda des académies de peinture, de sculpture, augmenta le cabinet des médailles ; grand ami de la littérature italienne, il eut Muratori pour historien et Métastase pour poète lauréat. Il prit des mesures sérieuses pour développer le commerce de ses États; il traça un grand nombre de routes ; quelques-unes portent encore aujourd’hui son nom ; il établit à Vienne une société orientale de commerce (1719), une société levantine à Trieste et fonda à Ostende la compagnie des Indes qu’il sacrifia bientôt à la jalousie des puissances voisines, pour obtenir la reconnaissance de la Pragmatique sanction. Trieste et Bieka (Fiume) furent déclarés ports francs ; les ports de Buccari (Bakar) et de Porto-Ré (Kraljevica) furent améliorés : une flottille de guerre fut créée sur le Danube pour protéger la navigation du fleuve. Signalons aussi les efforts de Charles VI pour améliorer la justice. Sa clémence lui fit donneri par les courtisans le surnom de Titus. Elle ne s’étendait pas jusqu’aux matières religieuses;les protestants de l’Autriche furent contraints d’émigreren Allemagne ou en Transylvanie. Revenons maintenant à la Bohême et à la Hongrie et voyons par quelle série d’événements les deux royaumes furent amenés à reconnaître d’une façon définitive la domination de la dynastie autrichienne.