LA BOHÊME VAINCUE. 293 de Saxe essaya vainement d’intervenir en faveur des luthériens, ses coreligionnaires. En 1624 un mandat impérial proscrivit définitivement du pays tous les frères bohèmes et organisa la restauration du catholicisme. Toutes les églises furent remises aux mains de prêtres, appelés pour la plupart de l’étranger, notamment de Pologne; les habitants furent par tous les' moyens possibles réduits à l’obéissance spirituelle; qui ne professait point la religion catholique, ne pouvait jouir des droits civils, ni même exercer un métier quelconque; le mariage et la sépulture étaient également interdits aux réfractaires. Des amendes punissaient ceux qui négligeaient de célébrer les fêtes, d’observer le jeûne ou d’aller à la messe. Les nouveaux seigneurs, installés par la grâce impériale dans les biens confisqués, persécutaient leurs paysans pour les ramener à la bonne doctrine. Cependant ces mesures ne suffisaient pas A Prague, il fallut exiler la plupart des bourgeois influents; dans d’autres villes royales, on eut recours aux garnisaires. Mais l’indomptable ténacité des Tchèques grandissait en raison directe de la persécution. On vit à Lysa les habitants brûler leur ville et émigrer en masse plutôt que de céder. Dans les cercles de Kourim et deHra-dec, les paysans coururent aux armes et incendièrent les châteaux; des troupes furent envoyées contre eux : les supplices et la torture rétablirent l’ordre. Le récit détaillé des horreurs qui furent commises alors au nom de la foi est l’un des plus lugubres épisodes de l’histoire religieuse. On comprend que le peuple qui a passé par une telle épreuve n’ait jamais pu se résoudre à l’oublier. Après la réaction religieuse vint la réaction politique. Au lendemain même de la victoire, Ferdinand s’était fait apporter à Vienne les originaux des privilèges royaux et la lettre de Majesté de Rodolphe. Il les avait coupés en morceaux et jetés au feu. La Bohême une fois épuisée, il fallait définitivement, la réduire en servage. Le roi publia le 15 mars 1627 la nouvelle constitution du pays. Elle commençait par proclamer l’hérédité du trône de Bohême dans la maison de Habsbourg, dans la descendance masculine