LA HONGRIE S. LES SUCCESS. DE ST. ÉTIENNE. 77 complir le vœu qu’il avait fait d’aller en Palestine, avait fait promettre à André d’accomplir l’engagement paternel. André réunit des troupes et de l’argent ; mais il les tourna contre son frère dont sa jalouse ambition ne pouvait admettre la souveraineté. Le pape Innocent III dut intervenir : André se contenta du gouvernement de la Croatie et de la Dalmatie. Mais il ne réussit point à conserver Zara que les Vénitiens reprirent avec l’aide des croisés (1203). Emerich mourut en 1204; son fils le jeune Ladis-lasIII no régna qu’un an. En 1205, André II (1205-1235) monta sur ce trône, objet de ses convoitises. Les débuts de son règne ne furent pas heureux ; il avait épousé Ger-trude de Méran qui fit venir à la cour de Hongrie son frère Berthold, prélat de mœurs débauchées et obtint pour lui l’évêché de Kalocsa. Berthold et sa sœur s’entourèrent de créatures scandaleuses. Non content du siège de Kalocsa, l’évêque étranger entassait sur sa tête les dignités les moins méritées. Ban de Slavonie, voïévode de Transyl--wmie, il prétendait être l’égal du primat ; un crime inouï porta à son comble l’indignation publique ; Berthold osa attenter à l’honneur de la femme du Palatin. Le peuple se souleva; Berthold eut le temps de quitter le royaume; la reine Gertrude fut massacrée avec quelques-uns de ses favoris. Ce fut pourtant cette reine si justement impopulaire qui donna le jour à la pieuse princesse, Elisabeth de Hongrie, mariée en 1221, au landgrave deThuringe, l’une des mystiques héroïnes du christianisme, celle dont Mon-talembert à écrit l’histoire. André était en Galicie à l’époque où ces événements tragiques s’accomplirent; il s’efforçait vainement d’imposer à cette province russe et orthordoxe la souveraineté de sa maison et l’union avec l’église romaine. Sa douleur ne paraît pas avoir été fort vive : car peu de temps après il épousa Yolande de Courtenay, parente des empereurs latins de Gonstantinople. Peut-être espérait-il arriver lui-même au trône de Byzance ; mais il fallait se montrer au monde latin et sa poser en défenseur do la religion chrétienne. André se décida à partir pour la croisade ; le départ