350 CHAPITRE XX. Thérèse, inquiète, rassembla une armée en Hongrie et tenta, dès l’année 1772,d’imposée samédiation. En 1774, la Porte consentit au traité de Koutehouk Kaïnardji, qui légitimait les conquêtes russes et laissait à la Porte la Moldavie et la Yalachie. L’Autriche profita de ces circonstances pour occuper militairement quelques parties de la Moldavie. Les raisons données à la Porte pour justifier cette occupation soudaine n’étaient guère meilleures que celles par lesquelles on avait prétendu autoriser le partage de la Pologne; les territoires envahis étaient nécessaires à l’Autriche pour faire communiquer entre elles la Galicie et la Transylvanie, pour empêcher les désertions des soldats; enfin, une partie de la Moldavie avait jadis appartenu à la Podolie, désormais possession autrichienne. La Turquie protesta ; la Russie et la Prusse demandèrent des explications. La Turquie, sans alliés, dut céder, et le 7 mai 1775, le traité de cession fut conclu. Le territoire cédé comprenait environ cent quatre-vingt-neuf milles carrés, quatre bourgs et une soixantaine de villages; mais il était fort important au point de vue stratégique. Le hospodar de Moldavie, Ghika, dont la principauté se trouvait démembrée par cette cession essaya d’empêcher les habitants de prêter serment de fidélité. La Porte le fit saisir et décapiter. Les Roumains vénèrent encore aujourd’hui sa mémoire comme celle d’un martyr de l’indépendance. La population de la Bukovine est composée pour la plus grande partie de Petits Russiens et do Roumains. Le gouvernement autrichien en 1875, a célébré le centenaire de l’annexion en fondant à Czernowitz une Université allemande destinée à répandre la germanisation dans ces contrées. Ainsi Marie-Thérèse et son fils pratiquaient à leur tour le système d’arrondissement que Frédéric avait mis à la mode parla conquête de la Silésie. Joseph II avait en ces matières les mêmes principes que le roi de Prusse. En 1779, l’électeur de Bavière, Maximilien Joseph, le dernier des Wittelsbach, vint à mourir. Joseph II fit valoir de son chef, comme empereur, du chef de sa mère,