LA BOHÊME S. LA MAISON DE LUXEMBOURG. 157 bataille de Crécy. Il constata que la mort héroïque du roi Jean n’était commémorée que par une vieille croix monolithe établie sur le territoire de la commune d’Estrées-les-Grécy, dans un champ appartenant à-un particulier, à l’endroit où, suivant la tradition, le roi de Bohême aurait succombé. Il s’émut d’un abandon qui lui semblait un signe d’ingratitude et il se résolut à réparer l’oubli de nos ancêtres. Le 2-5 octobre 1901, il^lut dans la séance publique annuelle des Cinq Académies un travail intitulé : Les Bohémiens à Crécy1, où il résumait tous les témoignages des historiens nationaux relatifsàla glorieuse bataille.Il terminait son travail en réclamant l’érection d’un monument commémoratif. Cet appel fut entendu : Une souscription s’organisa en France, en Bohême, en Luxembourg. Elle réunit une quinzaine de mille francs. Deux monuments commémoratifs furent inaugurés le 1er octobre 1905, l’un sur la grand’plaee de Crécy, l’autre sur un carrefour d’Estrées-lès-Crécy où la croix dont nous> avons parlé plus haut fut dressée sur un piédestal pourvu d’une inscription appropriée. Des délégués du grand-duché de Luxembourg et de la municipalité de Prague assistaient à cette inauguration qui revêtait ainsi le caractère d’une manifestation internationale2. Un document tchèque que j’ai communiqué à l’Académie et réimprimé depuis5, nous fournit le nom de quelques-uns des compagnons du roi Jean. Le mot d’ordre qu’il avait donné àses compagnons était le nom de sa capitale : Prague. L’un des chevaliers qui guidaient le cheval du roi Jean était un Kliniberk, un autre était unBosenberg comme lui d’origine allemande. D’autres étaient tchèques comme Valkun de Peresin, Iosek de Bozdalovice, Zavis de Zimlin, Dalibor de Kozojedy, Frycek, Tic, Bene&ek, LiSek, Kunliavtde Pav-lovice, Milicin, Vlasim, Bilek. Parmi les autres figurent deux 1. On trouvera ce Mémoire dans les publications de l’institut pour l'année 1901. Il a été réimprimé dans le volume intitulé : Le Monde slave (2* série, Paris, Hachette, 1902). 2. Sur cette inauguration, voir la Renaissance tchèque, par Louis Léger, p. 238 et suivantes. 3. Souvenirs d’un Slavophi/e (Paris, Hachette, 1906, p. 266 et suivantes).