VIII AVANT-PROPOS. ie Vienne et celui de Berlin étaient également intéressés à la dissimuler. Il y avait alors à Berlin et à Vienne un certain fond de reptiles dont la rosée bienfaisante rejaillissait au besoin jusqu’à Paris. Elle îgissait de diverses façons, tantôt en suggérant des faits imaginaires ou des opinions inexactes, tantôt en faisant taire celles qui semblaient contraires à l’intérêt germanique. J’en ai fait personnellement l’expérience. Je collaborais, il y a une trentaine d’années, à un répertoire collectif, la Grande Encyclopédie, auquel j’ai donné des articles d’une certaine importance, notamment l’article Bohême. J’v expliquais le droit public du Royaume dans ses rapports avec les autres pays de l’État autrichien et j'avais imprimé cette phrase : Le royaume de Bohême ne fait partie de l’État autrichien qu’en vertu d'un certain nombre de conventions conclues avec la dynastie et si, par une suite de circonstances impossibles à prévoir, cette dynastie venait à disparaître le royaume recouvrerait de facto son indépendance. Les circonstances comme on sait, ont complètement justifié mon diagnostic. Mais à ce moment il ne pouvait qu’être mal vu à Vienne, et surtout à Berlin. Le secrétaire du répertoire en question me fit inviter à supprimer cette phrase. Si elle était maintenue, disait-il, il était informé que l’Encyclopédie serait interdite dans tout l’ensemble des États autrichiens. Informé par qui? A qui avait-il communiqué ' les épreuves? Je désirais dans l’intérêt de mes clients slaves continuer ma collaboration. Je supprimai la phrase malencontreuse. mais, comme je voulais en avoir le cœur net. je l’introduisis tout entière dans l’édition subséquente de cette histoire où elle passa complètement inaperçue, sans provoquer dans les pays autrichiens la moindre mesure de rigueur. Les événements qui se sont accomplis depuis l’abdication du dernier empereur m’ont ab-