280 CHAPITRE XV!. avait été en rapports suivis avec Henri IV, à qui il prêta même de l’argent et dans l’armée duquel il servit pondant la campagne du siège de Rouen (1591). Sa correspondance, d ailleurs fort remarquable, fournit de curieux détails sur ce prince *. Zérotin convoqua les États du royaume à Gaslav et entra en Bohême. Mais les États restèrent fidèles au roi légitime et se groupèrent à Prague autour de lui. Les utraquistes profitèrent de la circonstance pour demander le redressement de leurs griefs religieux et des réformes politiques. Rodolphe promit tout ce qu’on voulut, et, par le traité de Libno, acheta la paix de Mathias en lui cédant la Moravie (1608), A la diète de 1609, les évangéliques et les frères renouvelèrent leurs demandes; ils voulaient que l’empereur reconnut la confession bohème, leur donnât place dans le consistoire utraquiste et leur confiât la direction de l’Uni-versité de Prague. L’empereur refusant d'accéder à leurs vœux, ils se constituèrent en diète indépendante à l’hôtel de ville de la Nouvelle ville de Prague, et formèrent une ligue armée pour la défense de leurs intérêts religieux. Ils mirent à la tête de leurs troupes un gentilhomme allemand établi depuis peu en Bohême, le comte Mathias de Thurn et instituèrent un comité de soixante-quinze directeurs, chargé de la défense de leurs intérêts. Les États de Silésie adhérèrent à cette ligue. L'empereur roi, effrayé, sollicita la médiation de l’électeur de Saxe et offrit aux rebelles la formation d’un consistoire spécial pour les frères bohèmes. Ils refusèrent et présentèrent leurs prétentions sous forme d’une lettre de Majesté, C’est-à-dire d’une loi fondamentale et perpétuelle, que Rodolphe se décida à signer (9 juillet 1609). Ce document célèbre assurait aux utraquistes l’approbation de la confession bohème, le droit de siéger au consistoire, de diriger l’Université ; ils pouvaient en outre, pour le maintien de de ces privilèges* choisir un certain nombre de défenseurs 1 Nous avons donné une traduction des lettres de Zérotin relatives au siège de Rouen dans la Revue historique, livraison de mai 1878. Elle a été réimprimée dans nos Nouvelles études slaves (Paris, 1880).