L’AUTRICHE SOUS MARIE-THÉRÈSE. 355 Charles VI ne s’était pas contenté de faire présenter et de reconnaître sa fille comme héritière du royaume de Hongrie; il avait voulu que son gendre François de Lorraine-entrât personnellement en relations avec la nation magyare. En 1732, après la mort du Palatin Palffy, il n’avait point nommé un nouveau titulaire de cette dignité nationale, il avait fait donner à son gendre le tilre de lieutenant royal. Or les Hongrois tenaient essentiellement, surtout depuis la Pragmatique sanction, à n’être point confondus dans la masse des états héréditaires. A la mort de Charles VI, le couronnement de son successeur n’avait pas encore eu lieu. Si François de Lorraine était associé au trône de Hongrie et qu’il fût élu empereur, ainsi qu’on pouvait dès maintenant le prévoir, la Hongrie risquait de devenir une simple annexe du corps germanique; si au contraire la couronne de Saint Etienne n’était posée que sur la tête de Marie-Thérèse, l’individualité historiaue de la Hongrie avait plus de chances d’être préservée. Dès la mort de son père, Marie-Thérèse ava’it chargé de la lieutenance le feld-maréchal et judex curiæ Jean Palffy, l’ancien compagnon d’armes du prince Eugène : elle lui avait donné pleins pouvoirs et s’était engagée à respecter les libertés du royaume et à convoquer prochainement la diète. Cette diète s’ouvrit en effet le 18 mai 1741 : les débats furent fort animés; la majorité de l’assemblée était surtout opposée à l’idée de voir l’époux de ia nouvelle reine associé au trône de Hongrie. Quelques jours après, la reine recevait à Vienne une députation chargée de la féliciter à la fois de son avènement et de la naissance de celui qui devait être Joseph II. Cette députation reçut de nouveau l’assurance que les privilèges du royaume seraient respectés et que la reine se rendrait prochainement à Presbourg. Le 19 juillét elle s’embarqua sur le Danube. Le bateau qui la portait était pavoisé aux couleurs nationales de la Hongrie, rouga, blanc et vert. Elle fut saluée à la frontière par les cris de vivat domina et rex nos ter. Ce titre de rex était celui que les Hongrois avaient donné à la seule femme qui avant elle eût régné sur la Hongrie. Le 21, elle reçut au château de