LA BOHÈME. GUERRES DES HUSSITES. 181 allemandes leur avaient été fatales, et ils voulaient se rapprocher de leurs congénères slaves. Le danger était grand; Sigismond, d’accord avec les princes allemands, préparait ontre la Bohème une nouvelle croisade. Les Allemands ntrèrent en Bohême sans que le roi de Hongrie pût leur venir en aide. Leur armée était d’environ deux cent mille hommes, et elle comptait parmi ses chefs cinq électeurs. Ils assiégèrent la ville, alors tchèque, aujourd’hui allemande de Zatec (Saatz), qui se défendit bravement. Les croisés se vengèrent en ravageant les campagnes et en massacrant les paysans : tous ceux qui ne savaient pas l'allemand étaient égorgés. Zizka accourut à la tête de ses Taborites et des Pragois; borgne depuis de longues années, il avait perdu l’œil qui lui restait au siège du château de Rabi; mais sa cécité n’ôtait rien à ses qualités militaires; son nom portait la terreur autour de lui. Les Allemands levèrent le siège de Zatec et se retirèrent. Sigismond, retenu par les attaques des Turcs sur le Danube, arriva avec une armée de quatre-vingt mille hommes; elle était commandée par un célèbre condottiere, Pipa le Florentin. La Moravie no résista point; moins fortifiée par la nature que la Bohême, elle porte une race moins vigoureuse et moins opiniâtre; la noblesse jura obéissance au roi et renonça à la communion sous les deux espèces ; une partie de la noblesse utraquiste de Bohême se laissa entraîner par cet exemple et déposa les armes. Sigismond poussa jusqu’à Kutna Hora et s’en empara ; mais Zizka l’attaqua à l’improvislo et le repoussa jusqu’à Némecky Brod (le gué des Allemands), où il lui infligea une terrible défaite sur les bords de la rivière Sazava (8 ianvier 1422). Cette victoire délivra la Bohême des invasions allemandes. Pendant plusieurs années, sauf quelques légères attaques sur les frontières, du côté de la Moravie ou de la Silésie, les Tchèques furent les maîtres chez eux. Malheureusement la concorde était loin de régner parmi eux;, des questions dogmatiques divisaient les Pragois et les Taborites ; les Taborites eux-mêmes se morcelaient en sectes diverses; les théories les plus étranges se faisaient / '