308 CHAPITRE XVIII. veiller, le condottiere Gastaldo, assisté d’italiens peu scrupuleux, gens sur lesquels on pouvait compter pour un coup hasardeux. Martinuzzi, au milieu de toutes ces intrigues politiques, avait trouvé le moyen de devenir cardinal de l’Église romaine. La pourpre ne le protégea pas contre le poignard des sicaires. Surpris par eux dans le château d’Alvinz, il tomba frappé de soixante-six coups. Ainsi finit ce curieux personnage que l’on a comparé, non sans raison, à Waldstein. La cour de Home lança sa foudre contre les assassins, coupables d’avoir attenté aux jours d’un prince de l’Eglise ; mais Ferdinand, qui ne dissimulait pas la part qu’il avait prise, à « faire dépêcher le frère Georges, » réussit à obtenir du pape Jules III l’absolution de ce meurtre (1551). La mort de Martinuzzi ne délivra pas la Hongrie du fléau de la guerre. Temesvar succomba, malgré une admirable défense. Eger (Erlau) se défendit avec non moins d’héroïsme. Sommés de se rendre, les assiégés, pour toute réponse, plantèrent sur le rempart quatre piques, surmontées d’un cercueil tendu de noir. Les Turcs donnèrent quatre fois l’assaut à l’intrépide cité où les femmes rivalisaient de valeur avec les hommes; plus de huit mille d’entre eux périrent sous ses murs (155-2). Isabelle Szapo-lyai, au milieu de ces misères, désespérant de reconquérir la Hongrie tout entière pour son fils, s’efforçait du moins de lui assurer la Transylvanie. Elle réclamait le concours du roi de France, Henri II, et du sultan, également intéressés à tenir la maison d’Autriche en échec. Henri II, invoquant les traditions des rois de France, « toujours prêts à prêter secours et comfort aux affligés », se montre dans ses dépêches fort disposé à rétablir le jeune prince. En 1557, Christophe Batory était envoyé à Paris, et Henri promettait à Jean-Sigismond la main d’une ses filles. Isabelle mourut en 1559, sans avoir assuré l’avenir du fils de Szapolyai. La situation de la Hongrie proprement dite était à tous égards déplorable. Ferdinand laissait vacantes les fonctions qui, comme celles du Palatin, eussent dû être