312 CHAPITRE XVIII. so partageaient le royaume ne pouvaient assurera la persécution l’unité nécessaire pour lutter efficacement contre l’hérésie. En Transylvanie, le pasteur Honter multiplia de bonne heure les livres et les écoles; en Hongrie, le premier réiormateur fut Devay, qui avait connu personnellement Luther à Wiüemberg. 11 traduisit les épîtres de saint Paul en magyar. De grandes familles adhérèrent aux nouvelles doctrines; à partir de 1548, les diètes cessèrent de dicter des lois de persécution. L’Église évangéliqne s’organisa librement sur les bases de Ja Confession d’Augsbourg. Mais ce fut surtout le calvinisme qui se répandit dans le centre de la Hongrie, dans le bassin de la Tisza. Calvi-nista hit, magyar hit : la foi calviniste est la vraie foi magyare, dit un proverbe. Le luthéranisme était d’origine allemande, et comme tel suspect aux patriotes. C’est à Debreczen que s’établit la nouvelle secte; elle eut pour chef le pasteur Juhasz, qui, suivant la mode du temps, grécisa son nom en celui de Melius (Berger). Il traduisit l’Écriture sur le grec et sur l’hébreu, composa des cantiques, entra en relations avec Théodore de Bèze. En 1567, le synode de Debreczen formula en soixante-quatorze articles le symbole del’Église calviniste magyare. Jean Hus avait renouvelé la prose tchèque, et Luther la prose allemande ; les réformateurs hongrois Devay, Erdœsi (Johannes Sylvester Pannonicus), Gaspar Heltai, Karoly rendirent le même service à leur pays. En face de la dynastie catholique et ultramontaine, le protestantisme devenait pour la Hongrie une force nouvelle. Le règne de Rodolphe (1576-1612) ne contribua point à rendre la maison d’Autriche populaire. Au début de son règne la Diète fit entendre les griefs du pays (1582). Elle demandait au souverain des garanties ; elle voulait que les relations avec la Turquie fussent réglées par des ambassadeurs nationaux et non point par des Allemands ou des Italiens étrangers aux intérêts du royaume. Rodolphe fut si blessé de ce langage qu’il quitta la Hongrie et n’y remit jamais les pieds. Il resta quatre ans sans convoquer la Diète et ne fit