LA BOHÈME SOUS LES PREMYSLIDES. J9,i occuper tout un quartier. À partir du douzième siècle, on voit sur les frontières, dans des régions récemment défrichées, se former des villes et des villages allemands; beaucoup de villes royales ou seigneuriales sont fondées par le roi, les seigneurs ou les abbayes. Les poètes renommés de l'Allemagne Ulrich de Turlin, Wolfram d’Es-chemüaen, Henri de Freiberg apparaissent à la cour; les chevaliers porte-glaives germanisent leurs possessions du royaume, par exemple à Komotau « Partout des hommes, mais des Allemands à Komotau; » dit un proverbe populaire. Les mines de Kutna Hora et de Némecky Brod (le gué allemand) attirèrent aussi beaucoup d’étrangers. Les Slaves agriculteurs laissaient volontiers le commerce et l’industrie aux mains des étrangers; en Pologne, aux Juifs, en Bohême, aux Allemands, Quelques patriotes prévoyants s’alarmaient de l’influence croissante des Allemands. La chronique tchèque dite de Dalimil, rédigée au quatorzième siècle,’exhale, sous une forme parfois brutale, les angoisses et les colères d’un Slave qui sent sa langue et sa patrie menacées. Elle met les paroles suivantes dans la bouche de la princesse Libuse : « Si un étranger vient, à vous gouverner, —votre nation ne durera pas longtemps; un sage ne consulte pas les étrangers. — L’étranger prendra des gens de sa langue et cherchera toujours votre mal. — Il partagera aux siens votre héritage. — Garde-toi bien de confier ta fortune à l’étranger, tête bohème. — Là où il n’y a qu’une langue, là est la gloire. » Ces protestation» d’un patriote anonyme devaient rester sans écho jusqu’au moment où les Hussites arboreraient à la fois l’étendard de la réforme religieuse et de l’unité nationale. Religion, arts, civilisation. L’Église catholique, en introduisant la liturgie romaine en Bohême, avait beaucoup contribué à frayer les voies au germanisme. La Bohême avait reçu le christianisme de la Moravie et de l’Allemagne ; mais par suite de la dostruc-