LA BOHÊME VAINCUE. 301 cul te du maître Jean HuS, saint et martyr. D’autres ordres religieux, Théatins, Trinitaires, Piaristes s’établirent sur le sol de la Bohème au début de la seconde moitié du dix-septième siècle; ils ne comptaient pas moins de cent soixante dix-neuf couvents. La cour de Vienne finit par s’effrayer du développementdes jésuites, et, pour restreindre leur influence, les obligea à céder à l’Etat les deux facultés de droit et de médecine. La nationalité tchèque fut cruellement atteinte par toutes ces épreuves. Les nouveaux seigneurs des domaines abandonnés par les anciens habitants firent venir des colons allemands pour les repeupler : ils apportèrent avec eux leur langue, qui désormais resta dominante dans les districts frontières du nord et de l’ouest. C’est de cette époque que date la véritable invasion allemande en Bohème; les Allemands occupèrent et ont gardé jusqu’à nos jours à peu près un tiers du sol du royaume. Leur idiome, favorisé par le gouvernement de Vienne, gagna de plus en plus dans les classes supérieures, et la littérature nationale fut négligée. Les jésuites, les missionnaires et les Suédois anéantirent, les uns par haine de l’hérésie, les autres par amour du pillage, la plupart des productions de l’ancienne littérature bohème; la nouvelle littérature catholique qu’on s’efforça de lui substituer n’eut ni la séve, ni l’originalité des œuvres anciennes. Elle comprend pourtant de nombreuses publications et atteste la persistance d’un idiome vivace, et, malgré de si rudes épreuves, plus florissant aujourd’hui que jamais. Ces œuvres servent de transition entre la brillante époque du hussitisme et la renaissance qui ne devait se produire qu’à la fin du dix-huitième siècle, Entre cette renaissance et la période de décadence qui commence sous le règne de Ferdinand II, l’histoire de la Bohême n’offre qu’un médiocre intérêt : elle n’a point comme la Hongrie les diètes tumultueuses de Presbourg, les révoltes des Transylvains. Rappelons seulement quelques détails. En 1680 une révolte agraire éclate dans le cercle de Caslav : les paysans prennent les armes et envoient à Pra-