510 CHAPITRK XXVIII. prit, le 1er avril, la direction du cabinet. Cet élève de Met-ternich inspirait peu de confiance; néanmoins, il parut jouer au sérieux son rôle de ministre réformateur et prépara la constitution qui fut publiée le 25 avril suivant ; elle était copiée en grande partie sur la Charte belge, mais elle ne tenait pas compte de la nature toute particulière de l’etat autrichien, du conflit des droits historiques et des nationalités. Elle iaissait en dehors la Lombardie et la Hongrie,établissait deux chambres, unsénat composé deprinces de la famille impériale, de membres nommés à vie par le souverain, de représentants de la grande propriété, et une chambre des députés qui devait être formée de 383 membres élus. La constitution garantissait d’ailleurs ce qu’on a appelé les libertés nécessaires, le droit de réunion, la liberté de conscience, la liberté de la presse. Elle ne s’inquiétait, ni des nationalités, ni des engagements que le souverain venait de prendre récemment (8 avril) avec la Bohême. Proclamée avec pompe, cette charte octroyée ne calma point les défiances qu’inspirait Ficquelmont ; il dut donner sa démission devant un mouvement populaire (4 mai) et fut remplacé par Pillersdorf. Ce ministre élabora la loi électorale, qui, loin d’admettre comme en Franco le suffrage universel, excluait du scrutin la population ouvrière. L’effervescence redoubla à Vienne ; le souverain parut d’abord céder au mouvement populaire : le 16 mai, il accorda l’établissement d’une seule chambre élue au suffrage universel ; le lendemain, il quittait Vienne et s’enfuyait à Innsbrück. Le peuple de la capitale fut à la fois étonné et embarrassé de cette fuite du souverain; il élait encore trop imbu des traditions monarchiques pour songer à s’emparer du pouvoir; le ministère Pillersdorf resta en fonctions. D’ailleurs, les nationalités diverses de l’empire ne reconnaissaient point, comme dans d’autres États, la domination de la capitale. Il y eut bien quelques barricades et quelque sang versé ; mais en somme, le gouvernement de l’empereur resta incontesté. L’archiduc Jean, délégué par l’empereur à Vienne, constitua un ministère d’une nuance plus libérale que lo pré-