334 CHAPITRE XIX. pliqua à développer le système de la frontière dans les pays récemment reconquis sur les rives de la Save, en Slavonie, le long de la Tisza (Theiss) et de la Maros. Ces nouvelles frontières dépendirent directement du Conseil et de la Chambre de l’empereur; enfin, quand le Banat eut été reconquis en 1724, on établit dans ces régions les réfugiés serbes et roumains. Le commandement de ces frontières était généralement confié à des officiers allemands et dépendait de Vienne. Au moment où les Magyars réduisaient en servage les Serbes du royaume, ceux de la frontière devaient évidemment préférer le régime impérial qui donnait satisfaction à leurs instincts guerriers et à leur haine contre les Turcs. Les Magyars, eux, ne pouvaient voir qu’avec méfiance cette nouvelle institution : les pays englobés dans la frontière étaient réellement détachés du royaume : d’autre part, les milices soustraites à 1’iniluence hongroise étaient un instrument docile aux mains des ïïabsbourgs : après avoir servi contre les Turcs, elles pouvaient devenir le plus sûr appui du, despotisme viennois le jour où l’ennemi séculaire de la chrétienté ne serait plus à craindre. De là les défiances, les réclamations des Hongrois et des Croates. Malgré ces réclamations, l’institution des Confins a subsisté jusqu’à nos jours. L’un des épisodes les plus remarquables du règne de Charles VI fut la révolte des paysans serbes et hongrois sous la direction d’un ancien soldat de Bakoczy, Pero Sze-gedinac. (1734). Réduits au servage de la glèbe, les Serbes voyaient leur condition empirer chaque jour; attaqués dans leur foi, opprimés dans leurs personnes, ils se soulevèrent; des Hongrois protestants, des partisans de Rakoczy se joignirent à eux : défaits par les troupes régulières, ils furent cruellement punis ; leurs chefs périrent dans les supplices. Le ressentiment -que les Serbes gardèrent de :e sanglant épisode décida quelques années plus tard un certain nombre d’entre eux à s’établir en Russie. La campagne de 1737-1739 contré les Turcs terminale règne de Charles VI moins glorieusement qu’il n’avait commencé : l’alliance que ce prince avait conclue avec la