84 CHAPITRE VI. bizarre et débauché, s’attira la haine de son peuple par la préférence qu’il accorda aux Gumans. Cette nation nomade et à demi païenne était encore à peu près étrangère au reste de la nation. Ladislas entreprit de les convertir au christianisme et à la vie sédentaire : il leur assigna entre le Danube et la Theisz les pays qu’on appelle encore aujourd’hui la grande et la petite Cumanie; mais ils restèrent longtemps encore barbares. Ladislas, qui montrait pour leurs femmes une faiblesse peu digne d’un législateur, fut assassiné par eux (1290). Ï1 ne laissait pas d’enfant mâle. Il avait adopté un petit fils d’André II, qui fut couronné sous le nom d’André III. Ce prince résista énergiquement aux prétentions des Habsbourg et au Saint-Siège. Il repoussa une invasion d’Albert d’Autriche et alla mettre le siège devant Vienne. La cour de Rome favorable aux princes napolitains de la maison d’Anjou, affecta de ne point reconnaître André III. Charles Robert d’Anjou pénétra dans le royaume et se fit même couronner à Agram par le légat du pape. La mort d’André III (1301) mit fin à ces compétitions. Avec lui finit la dynastie nationale. Progrès de la civilisation. La Hongrie est restée reconnaissante à ces souverains d’une époque de transition qui tracèrent le cadre dans lequel la nation magyare devait désormais se mpuvoir. A diverses reprises ils essayèrent d’étendre leur domination sur les états voisins, mais les titres de roi de Serbie, de Rama (Bosnie), de Galicie et Lodomérie, de Bulgarie no correspondirent jamais aune réelle souveraineté; tout afi plus rappellent-ils une protection éphémère ou une occupation momentanée. La seule acquisition importante de la dynastie, fut l’annexion volontaire de la Croatie qui rapprocha la Hongrie de la mer. Nous avons dit plus haut que la Croatie avait gardé son autonomie. A l’extrémité opposée du royaume, la Transylvanie avait, elle aussi, une constitution particulière. La diète transylvaine se divisait en trois nationsj les Hongrois, les Szeklers ou Sicules et les