306 CHAPITRE XVIII. naissance (1540). En le déshéritant de la couronne hongroise, il avait stipulé que la maison d’Autriche lui assurerait une grande situation territoriale. Peut-être au fond espérait-il que les Hongrois -violeraient le traité qü’il avait conclu. Il laissait pour tuteur à son fils Martinuzzi Utiesenovic, plus connu des contemporains, sous le nom de frère Georges, et Valentin Tœrœl?, chef de l’armée. Verbœczy exerçait toujours auprès de la jeune reine douairière l’influence que lui assuraient son talent et ses travauxlégislatif's. Ils ne pouvaient assurer l’indépendance de la Hongrie vis-à-vis de l’Autriche, qu’en s’alliant avec les Turcs. Verbœczy se décida à implorer l’appui de Soliman. Le souverain ottoman ne pouvait négliger cette occasion d’intervenir dans les affaires de la Hongrie; il reconnut comme roi le fils de Szapolyai et marcha lui-même à son secours. Ferdinand, réduit à conquérir son royaume, assiégeait Bude et l’avait rigoureusement investie. La ville allait succomber, quand Soliman arriva : les Autrichiens pris entre deux feux, furent écrasés; leur général Roggendorf mourut de ses blessures. Mais le Grand Seigneur était résolu à faire payer chèrement son secours; il se fit amener le petit roi de Hongrie, le combla de caresses, recommandant à ses fils de l’aimer comme leur propre frère. Pendant ce temps-là ses troupes occupaient Bude. Une fois maître de la place, Soliman déclara qu’il continuerait de l’occuper, attendu que Jean-Sigismond n’était point d’âge à la défendre. Il \ui assignait pour résidence la Transylvanie, dont il le îommait voïevode. La fille du roi de Pologne, veuve de ■ ean Szapolyai, eut beau protester contre cette humiliation. Il fallut partir pour cet exil ; le moine Martinuzri accompagnait le jeune prince, qui s’établit au château de Lippa. « Désormais il y eut trois Hongries : la Hongrie occidentale, royaume effectif de Ferdinand , la Hongrie centrale, occupée par les Turcs et gouvernée par le pacha de Bude, enfin la Hongrie orientale qui forma la principauté indépendante de Transylvanie. » (Sayous.) La principale église de Bude fut transformée en mosquée, et Verbœczy eut l’honneur humiliant d’être nommé