LA HONGRIE DÉMEMBRÉE. 313 point élirede Palatin; ami des arts etdes sciences occultes, imbu des doctrines absolutistes, il n’aimait point cette Hongrie barbare et trop indépendante : il ne la consultait que pour lui demander des subsides. Un ambassadeur de Venise résumait ainsi ses impressions sur la situation du royaume. « Les Hongrois, disait-il, détestent la maison d’Autriche; ils se considèrent non-seulement comme soumis, mais comme méprisés par elle, attendu qu’on leur impose le gouvernement des Allemands, leurs ennemis naturels. » Cependant la guerre continuait avec les Turcs. Pour contenir les invasions musulmanes, l’empereur accorda à des colons serbes certains districts entre l’Unna et la Kulpa, à charge pour eux de défendre la frontière. Ces districts abandonnés, — les contemporains les appellent de-serkimprimum, desertumsecundum, —furent ainsi repeuplés par une population à la fois agricole et guerrière. C’est là le point de départ de l'institution de la frontière militaire qui a subsisté jusqu’à la fin du xviii' siècle1; En 1577 la forteressse de Earlovac (Karlstadt) fut construite pour défendre la Croatie contre les invasions musulmanes. En 1592, Hasan pacha de Bosnie, fut défait sous les mursdeSisek. En 1595, la ville d’Esztorgom (Cran) fut enlevée par les troupes combinées do l’empire et de la Hongrie. Cet avantage fut malheureusement compensé par la perte d’Eger (Erlau). Défendue par les nationaux, la ville avait été imprenable: confiée cette fois à une garnison composée en grande partie de mercenaires wallons, elle capitula. Quelques jours plus tard un choc formidable eut lieu dans la Transylvanie, à Mezœ Kereztes, entre les troupes de Mahomet III et celles de l’archiduc Maximilien assisté par l'armée de Sigismond Batory. Signalons encore la prise de Raab (Gyœr) par Adolphe de Schwarz.enberg (1597). Tandis que la maison d’Autriche appelait en Hongrie les Wallons et les Espagnols, la Turquie y introduisait les Tartares, et la nation magyare pâtissait autant de ses al- 1 Nous ne pouvons entrer dans de longs détails sur cette institution. Consulter l’excellent ouvrage de Picot : « Les Serbes de Hongrie ».