2C6 CHAPITRE XII. l’àge de cinquante-et-un ans. Jean de Rokycana était mort quelques semaines auparavant. Cette fin soudaine ne laissa pas à Georges le temps d’accomplir les grands projets qu’il avait médités. Il ne rêvait à rien moins qu’à instituer une espèce de tribunal formé par les principaux souverains de l’Europe, devant lequel chacun d’entre eux pourrait porter ses plaintes, soit contre les agressions des autres souverains, soit contre celles de ses propres sujets, soit contre celles de l’Église. Il avait, dans l’espoir de réaliser ce proj et, trop humanitaire pour le temps, envoyé à Louis XI (en 1464) une ambassade, dont il nous est resté en langue tchèque une curieuse relation. Il suppliait le roi de France, à titre de roi très-chrétien, au nom de son dévouement à l’intérêt général, de convoquer une assemblée de rois et de princes. Cette assemblée travaillerait à la gloire de Dieu, au bien de l’Église universelle et à l’indépendance des états. Projet chimérique qu’Henri IV devait reprendre plus tard, sans être plus heureux que Georges. Au moment même où le pape excitait la chrétienté contre lui, il méditait d’entraîner l’Europe entière dans une croisade contre les Ottomans. Par son patriotisme, par ses vertus, ce roi, issu de la nation tchèque, a surpassé les plus illustres princes des dynasties étrangères qui ont régné sur son pays. Parmi ses conseillers les plus remarquables, il faut citer le Français Antoine Marini de Grenoble, les deux Tchèques Kostka et Albert de Postupice, l’allemand Grégoire de Heimbourg, qui lui prêta, dans sa lutte contre la théocratie romaine, l’appui d’un rare talent dialectique et d’un génie diplomatique parfois supérieur à son siècle. Vladislav .Va gel Ion (1491-1516); progrès de la noblesse. Conformément aux engagements pris sous le règne de Georges de Podëbrad, les états utraquistes de Bohême élurent le jeune Vladislav de Pologne, alors âgé de seize ans. Il entra en possession du royaume après s’être engagé à faire observer les compactata, et amena au secours