LA HONGRIE ET LES PAYS SLAVES. 473 manisatrice; il favorisait d’une subvention considérable le théâtre allemand de Pesih; de leur côté, les Hongrois élevaient un théâtre, ouvraient un musée national ; des poëtes ardents, Gsokonay, Verseghy, Berszenyi, et surtout l’immortel Kisfaludy, assuraient l’avenir de la langue nationale que leur génie avait su plier aux formes les plus nobles de la poésie occidentale. Après la Diète de 1802 l’événement le plus important fut la création du titre officiel de l’empire d’Autriche. Malgré les assurances du souverain qui promettait de ne rien changer à la situation antérieure de ses divers États, les Hongrois se sentirent blessés de cette innovation : le prestige do leur royaume de saint Étienne était désormais subordonné à celui de l’empire. Toutefois la loyauté héréditaire l’emporta et quand Napoléon, après la capitulation d’Ulm,arriva aux portes de Vienne, la Diète ne marchanda point les sacrifices. Napoléon représentait, en somme la révolution couronnée et l’aristocratie magyare affirmait devant son succès sa fidélité à la dynastie héréditaire. « C’est ton vrai moment, Ô Magyar, chantait le poëte Berszenyi... Ton bras a une force de géant dans la bataille. Va, montre encore l’ame de Zrinyi : imite-le dans ce qui fut sa vraie gloire, dans la mort. » Cependant la Diète ne consentit pas à la levée en masse que réclamait le gouvernement; elle demanda de nouvelles concessions pour l’idiome national, notamment la faculté pour les comitats de correspondre en magyar avec le gouvernement central. Les frontières de la Hongrie furent bientôt ouvertes aux troupes françaises : Napoléon était à Vienne, l’armée d’Italie sur le Raab. Le Palatin Joseph ne crut pas devoir attirer sur le royaume le fléau d’une invasion. Use retira à Buda-Pesth, envoya àMunkacs la sainte couronne et laissa à Pozony (Preshourg) le général Palffy avec ordre d’obtenir de l’ennemi la neutralité de la Hongrie. Davoust y consentit volontiers et se contenta d’occuper Presbourg, sans imposer aux habitants ni contributions ni réquisitions. En même temps Napoléon, ainsi que le prouve sa correspondance, faisait étudier les griefs que les Hongrois pou-