82 CHAPITRE VI. quel il avait confié sa famille et ses trésors, abusa malhonnêtement de la misère du roi vaincu. En échange de l’hospitalité qu’il lui offrait, il se fît céder trois comitats hongrois les plus voisins des états autrichiens. Bela échappa heureusement à ce perfide voisin et se retira en Croatie. Cependant la chrétienté commençait à s’émouvoir; le roi Vacslav de Bohême invoquait pour la Hongrie le secours des princes; le pape faisait prêcher la croisade. L’empereur, avec le désintéressement habituel aux souverains allemands, s’offrait à sauver la Hongrie, à condition d’en recevoir l’hommage. Cependant l’hiver était arrivé ; en gelant la surface des fleuves, il devenait l’auxiliaire des envahisseurs; les Mongols passèrent le Danube, prirent Gran, dont tous les habitants furent massacrés; AlbePvoy aie et Nitra (la Nitra de Svatopluk) résistèrent. Les Mongols voulaient à tout prix s’emparer de la personne du roi : Bela s’enfuit jusqu’en Dalmatie, à Spalato d’abord, à Trau (Trogir) ensuite. Les barbares arrivèrent jusque sous les murs de cette ville; mais ils ne réussirent pas à s’en emparer; les Slaves de Dalmatie et les colons italiens leur livrèrent de rudes combats ; refoulés, les assiégeants poussèrent jusqu’à Raguse. Ils auraient pénétré plus foin encore, mais soudain leur chef Kadan reçut l’ordre de revenir sur ses pas; les hordes asiatiques retournèrent en Asie : on ne sait au juste quel motif les y rappela. Peut-être Batou avait-il appris la mort du grand khan Ogdaï. Peut-être ne trouvant plus rien à détruire, les envahisseurs craignaient-ils de succomber à la famine au milieu d’un pays ravagé. D’affreuses cruautés marquèrent les derniers jours de leur éphémère domination. La Hongrie répara peu à peu ses ruines; des colons allemands comblèrent les vides de la population; les villes se rebâtirent ; elles furent entourées de remparts plus solides, ornées de plus remarquables édifices. L’état magyar n’était pas encore assez civilisé pour avoir beaucoup perdu dans la tourmente. Il allait désormais avoir à lutter contre un ennemi plus tcuace et peut-être plus dangereux, contre la maison