122 CHAPITRE VII. lion de l’archevêché et de l’Etat moraves, elle avait passé dans le ressort de Ratisbonnc jusqu’au moment où fut créé le siège épiscopal de Prague, suffragant de l’archevêché de Mayence. La papauté, en érigeant la Bohême en évêché, exigea que la liturgie latine y fût seule en usage. L’évêque était généralement élu par la diète, de concert avec le prince; à partir du milieu du douzième siècle, il fut choisi par le chapitre et ratifié par le prince. Malgré les prescriptions pontificales, la liturgie slave garda en Bohême des adhérents. En 1032, le prince Oldrich fonda le monastère de Sazava, dont le slavon fut la langue liturgique ; les protestations du clergé latin firent exiler les moines slaves en Hongrie; ils en furent rappelés en 1068 et disparurent définitivement en 1096. La Bohême vit alors fleurir chez elle la plupart des ordres étrangers : bénédictins, prémontrés, cisterciens, johannites, dominicains, franciscains, augustins et chartreux. Ils possédaient les seules écoles qui existassent alors dans le pays. La plus célèbre était au treizième siècle le studium generale établi au château de Prague, où des maîtres éminents enseignaient la grammaire et la logique. Le clergé jouissait d’ailleurs d’une influence considérable ; la Bohême, jusqu’au quatorzième siècle, resta fidèle à l’unité catholique. Ce n’est qu’au début du quatorzième siècle qu’on y voit apparaître les premières hérésies. La littérature de cette période, bien que peu développée, n’est pas sans avoir produit quelques œuvres intéressantes. L’idiome latin, cher au clergé, n’étouffa pas entièrement la culture nationale. Au début du onzième siècle, Gosmas, doyen du chapitre de Prague, écrit sa chronique de Bohême, fort précieuse malgré le pseudo-classicisme de l’auteur; en langue tchèque, on trouve des cantiques religieux, des textes sacrés, des poèmes imités de légendes chrétiennes ou romanesques du moyen âge (légendes de sainte Catherine, de sainte Dorothée, d’Alexandre le Grand). Les beaux-arts ne furent pas non plus négligés. L’Eglise les développa et les appliqua non sans succès aux choses religieuses. On cite dès la fin du onzième siècle le prêtre Boze-tech,abbé du monastère slave de Sazava, comme un peintre