CHAPITRE XIV. son pupille, la diète se réunit de nouveau dans la plaine de Rakos 1 et proclama Jean Hunyady gouverneur en l’absence du roi ; c’était une sorte de lieutenance générale, analogue à celle que Georges de Podëbrad allait exercer en Bohême comme grand hetman du royaume. Hunyady eut tout d’abord à défendre la Hongrie contre la maison d’Autriche. Le . Saint-Siège, qui comprenait toute l’importance de la Hongrie en présence des succès des Ottomans, réconcilia Hunyady et l’empereur. Le héros magyar rassembla une armée de vingt-quatre mille hommes et franchit le Danube ; Scan-derbeg, en Albanie, faisait une diversion utile; malheureusement Georges Brankovié, continuant ce jeu d’équilibre qui a déshonoré sa mémoire, refusa de s’associer aux Hongrois; il avait aspiré au poste de gubernator regni ; mais il s’était vu préférer Hunyady; la jalousie et la crainte des Turcs qui lui semblaient les plus forts avaient provoqué chez lui une nouvelle défection. Hunyady traversa néanmoins les pays serbes et pénétra jusqu’à la plaine fatale de Kosovo (1448). Mourad l’y attendait dans des retranchements formidables ; le désastre de Varna se renouvela pour la Hongrie. Bran-kovic, mettant le comble à ses trahisons, voulut arrêter Jean Hunyady et le livrer au sultan ; le musulman chevaleresque refusa de s’associera cette infamie.Cette seconde défaite n’enleva rien à la popularité de Hunyady et à la confiance qu’il inspirait. Cependant la maison d’Autriche qui redoutait ce vigilant gardien des libertés hongroises, lui suscitait des difficultés diverses. Elle soutenait contre lui le Tchèque Jiskra de Brandyse, grand hetman du roi Ladislas. qui, établi au nord de la Hongrie sur les flancs des Carpathes, occupait ces régions au nom du roi de Bohême et se refusait à reconnaître l’autorité de Jean Hunyady. Hunyady l’attaqua, mais échoua contre les retranchements du redoutable condottière, maudit par les Hongrois, comme un ennemi de la patrie, célébré par les Tchèques, comme ! Les diètes eurent souvent lieu dans cette plaine. I.es Polonais, par esprit d’imitation, appelèrent un liokosz un meeting tumultueux de leur noblesse.