FERDINAND IV. 503 l’adresse au trône donna lieu à de vifs débats. L’opposition tenait avant tout à assurer l’autonomie des comitats en dépouillant la couronne de la faculté d’imposer des administrateurs royaux. La chambre des magnats gardait pour le roi plus de ménagements. On décida de laisser sans réponse le discours de la couronne; tandis que Kossuth enflammait les masses par son éloquence, Szechenyi s’efforcait de maintenir ses compatriotes dans les voies de la légalité et de la modération. La question de la langue officielle passionnait également les esprits. Les publicistes prétendaient imiter l’exemple de la France, qui avait fait prévaloir le dialecte de. la capitale sur les patois ou les idiomes des provinces. Mais ils oubliaient que le hongrois n’était pas encore une langue aussi cultivée que le français et que ceux qui le parlaient ne formaient, dans le royaume qu’une minorité. Le français de Paris n’avait eu qu’à absorber, qu’à dominer des dialectes congénères; le môme phénomène s’était produit pour le castillan en Espagne, pour le toscan en Italie. Les idiomes réfractaires, lebasque, lebas-bretou, l’allemandd’Alsacen’étaient parlés que par des minorités qui reconnaissaient toutes la supériorité du français : la France était d’ailleurs un pays de centralisation qui depuis longtemps ne connaissait plus l’autonomie provinciale. Enfin la Révolution française avait fondu tous les éléments historiques dans une grandjose unûé. L’exemple de laFrance venait donc fort mal à propos. C’est ici le moment de rappeler comment la Hongrie était constituée et quels éléments hostiles à la supre'matie des Magyars se groupaient autour d’eux. Les peuples de la Hongrie. La Croatie formait depuis de longs siècles une partie annexe, mais non intégrante de la Hongrie. Elle prétendait constituer avee la Slavonie (improprement appelée Escla-vonie) et la Dalmatie, un royaume trinitaire (Trojjedina kraljevina, dont la capilale était la ville d’Agram en slave