418 CHAPITRE XXIV. nonçant désormais à lâcher la proie pour l’ombre, elle avait su so faire une juste idée des droits et des devoirs que lui imposait sa nouvelle situation. Deux personnages dirigent à ce moment la politique intérieure, le comte Philippe Stadion, chancelier d’état, et l’archiduc Charles, ministre de la guerre depuis le 10 février 1801. Tous deux ne songent qu’à une nouvelle guerre contre Napoléon. Stadion, allemand de Mayence, continue la politique allemande et cherche à relever l’Autriche par la diplomatie. L’archiduc Charles réorganise l’armée. Gentz est le publiciste officiel de Stadion; quoique allemand et nourri des idées germaniques, il sentait que les événements avaient changé les destinées de l’Autriche, et qu’il fallait rajeunir cet empire vieilli en déplaçant son centre de gravité. « Vienne, écrivait-il, le 4 août 1806, à son ami jean de Müller, doit cesser d’être une capitale. Les états aHemands doivent être considérés comme des provinces secondaires, le siège de la monarchie doit être transporté au fond de la Hongrie; une nouvelle constitution doit être élaborée pour ce pays. Avec la Hongrie, la Bohême, la Galicie et ce qui reste de l’Allemagne nous tiendrons tête à l’univers, si nous le voulons. Nous devons à tout prix reconquérir Fiume et Trieste, afin d’avoir accès à la mer; les autres frontières doivent être fortifiées de telle sorte que le diable même ne puisse y pénétrer. Si l’on agit ainsi, la Prusse et l’Allemagne seront bientôt obligées de nous demander secours. » Ces idées ne prévalurent pas à la cour de Vienne; tous les efforts, toutes les aspirations du gouvernement se tournèrent vers l’Allemagne et l’Italie. Ï1 était d’ailleurs assez difficile à l’Autriche de rester neutre, silencieuse et désintéressée en présence des efforts incessants de Napoléon pour s’assurer l’hégémonie de l'Europe;.la plupart des familles nobles qui entouraient François II possédaient des biens en Allemagne et ne songeaient qu’à les reconquérir. Les relations que Metternicli entretenait à Paris avec Napoléon étaient des plus tendues. L’Autriche n’osa pas cependant se lever pour soutenir la Prusse et la Russie