486 CHAPITRE XXVI. nouillerait devant cette idole dont la tête dépasserait les nuages, dont les pas franchiraient le monde. » À côté de Iiollar se groupait toute une école de poètes patriotes, Gelakovsky, auteur des Echos russes et de la Rose à cent feuilles, Hanka, Vocel ; le Slovaque Safarik écrivait la grand ouvrage des Antiquités slaves (1837) ; le Morave I’alacky, nommé historiographe du royaume de Bohême, commençait l’histoire de sa patrie d’adoption, l’une des œuvres les plus remarquables de notre temps, et dont le complet achèvement n’a pas demandé moins d’un demi-siècle. Grâce aux talents et au patriotisme de cette élite, la Bohême avait non seulement retrouvé la conscience de sa nationalité, mais encore elle s’était mise à la tête des peuples slaves de l’empire. Les Slaves du Midi ne tardèrent pas àsuivre son exemple. Notons en passant que les chefs intellectuels de ces resurrec-tionnistes Kollar, Safarik, Palacky étaient des protestants. L’esprit de Hus et de ses compagnons revivait en eux. Les Slaves du Sud: Inouïs Gaj ; le Panslavisme. • On a vu plus haut en quels termes le Slovène Vodnik avait, lors de l’occupation française, salué le réveil de l’Ulyrie. Son illusion ne fut pas de longue durée. Ce fut la Croatie qui donna le signal du véritable réveil. Ce pays avait été profondément remué par la révolution de Serbie; les travaux des premiers littérateurs de la nouvelle principauté, les Iiaradjitch et les Obradovitch y avaient trouvé un écho sympathique. En 1826, une société de littérature serbe (matitsa) avait été fondée par les Serbes de la Hongrie. La capitale de la Croatie, Zagreb (Agram), s’émut à son tour. Jusqu’alors, ia diversité des dialectes provinciaux avait été un obstacle à l’unité de la littérature. Un publiciste éminent, Louis Gaj, entreprit de réunir en un tout harmonieux les' forces dispersées de l’Illyrie. Il commença par publier deux journaux intitulés, l’un la Gazette croate, l’autre V Aurore croate, slavonne et dalmate (1835). Il avait pris cette fière épigraphe : « Un peuple sans nationalité est un corps