346 CHAPITRE XX. so laissa gagner également; Marie-Tliérèse fat d’abord troublée par des propositions qui répugnaient à son esprit dévot et loyal. Informée par son ministre à Berlin des résolutions qui se tramaient entre les cours do Prusse et de Russie, elle écrivait à ce sujet une note confidentielle où elle disait : « J’avoue qu’il m’en coûte de me décider sur une chose dont je ne suis nullement rassurée qu’elle est juste, si même elle était utile, mais je ne trouve pas même l’utile. Par quel droit dépouiller un innocent qu’on a toujours prôné vouloir défendre et soutenir? Pourquoi tous ces grands et coûteux préparatifs et tant de bruyantes menaces pour l’équilibre du Nord? La seule raison de convénience (sic) pour ne pas rester seule entre les autres puissances, sans tirer quelque avantage, ne me paraît pas suffire, ni même être un prétexte honorable pour so joindre à deux injustes usurpateurs, dans la vue de plus abîmer encore, sans aucun titre, un troisième. Je iie comprends pas la politique qui permet qu’en cas que deux se servent do leur supériorité pour opprimer un innocent, le troisième peut et doit, à titre de pure précaution pour l’avenir et de convénience pour le présent, imiter et faire la même injustice, ce qui me paraît insoutenable.... Que diront la France, l’Espagne, l’Angleterre, si tout un coup ou se lie étroitement avec ceux auxquels nous avons tant voulu imposer et dont nous avons déclaré les procédés injustes? Ce serait un démenti formel de tout ce qui s’èst fait pendant trente ans de mon règne. Tâchons plutôt de diminuer les prétentions des autres au lieu de penser à partager avec eux dans des conditions si inégales. Passons plutôt pour faibles que pour malhonnêtes. » Dans une autre pièce sans date, Marie-Thérèse cherche à expliquer les raisons qui l’ont forcée à adhérer au partage : « L’intérêt de notre propre sûreté et celui de l’Europe entière, écrit-elle, ont exigé que nous prissions, quoiqu’à regret, le parti de chercher à contre-balancer le surcroît de force que la Russie et la Prusse acquéraient, en nous réservant à nous-mêmes une part de ce démembrement, sur laquelle nous avons des droits incontes-