274 CHAPITRE XVI. par exiler Pasek, malgré les services qu’il lui avait rendus lors de son élection. Il rétablit ainsi la paix et l’ordre dans la capitale. Il profita de ces circonstances pour restreindre les privilèges des villes royales en interdisant les réunions municipales qui se tenaient sans la permission du souverain. 11 rétablit dans les tribunaux le fonctionnément régulier de la justice et mit un terme aux guerres privées qui depuis des années désolaient le paya. Catholique sincère, Ferdinand devait être profondément hostile aux innovations luthériennes ; les circonstances ne lui permirent pas d’agir aussi énergiquement qu’il l’aurait souhaité. Il interdit aux réformés l’accès des églises; mais il ne put les empêcher de propager leur culte et leurs dogmes sur les domaines des seigneurs et des chevaliers. Pour mieux lutter contre l’hérésie nouvelle, il s’efforça de ramener à l’unité les utraquistes et les catholiques et d’arriver à la création d’un archevêché commun pour les deux confessions (diète de 1537) ; mais il n’y réussit pas. Les luthériens profitèrent des embarras que Ferdinand rencontrait du côté de la Hongrie pour tâcher de s’organiser d’une façon définitive. Ferdinand ne céda point; en revanche, sous le prétexte d’expéditions contre les Turcs ou les Hongrois, il sut se faire accorder, outre des impôts annuels, de nombreuses contributions extraordinaires. Avec la ténacité de sa race, il ne négligea aucune occasion d’accroître les prérogatives de sa couronne ou de sa dynastie. Les querelles ^religieuses avaient énervé les esprits; chaque parti, au lieu d’avoir en vue l’intérêt général du pays, ne songeait qu’à se concilier le souverain par les concessions les plus serviles. Cependant cette complaisance n’était pas absolue et les États étaient loin d’avoir abdiqué tout esprit d’indépendance ; Ferdinand en fit l’expérience.